L’accord pour la construction d’une canalisation de transport de gaz naturel sur longue distance (Gazoduc) entre l’Algérie et le Nigéria en passant par le Niger a été dépoussiéré. Selon l’agence de presse algérienne, les ministres de l’énergie d’Algérie, du Niger et du Nigéria se sont réunis à Abuja le lundi 20 juin 2022, pour matérialiser leur volonté de mettre en œuvre le gazoduc. A cours de gaz russe, ces travaux permettront à l’Europe de s’approvisionner en gaz naturel.
Au cours de cette rencontre entre les différents ministres de l’énergie, les travaux ont été lancés par une étude technique dont l’implémentation est prévue dans de bref de délai, les partis n’étant pas à une première du genre. Le projet a été initié en 2008 et chaque année, les discussions n’aboutissent à aucune concrétisation. Plus tôt en février 2022, une réunion réunissant les différentes parties s’est tenue et quelques mois plus tard des changements sont attendus.
Les grandes lignes du gazoduc Algérie-Nigéria
Le gazoduc transsaharien devrait s’étendre sur 4 128 km, reliant Warri, une ville de l’État du Delta au Nigéria à l’Algérie en passant par le Niger. Notons que le Nigéria est le plus grand pays gazier d’Afrique avec une réserve de 5500 milliards de mètre cube. Le prix du projet s’élève à 13 milliards de dollar, et permettra de transporter 30 milliards de m3 de gaz par an vers l’Europe.
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est la principale raison pour laquelle le projet est remis sur la table des débats. En effet, la Russie est le premier fournisseur de gaz de l’Europe et du fait de l’embargo, les transactions ont été interrompues. Le continent souhaite donc diversifier ses fournisseurs en trouvant de nouveaux débouchés en Afrique.
Gazoduc : une opportunité pour les différentes parties
Cet accord est bénéfique pour le Nigéria alors que la hausse du prix du carburant a entrainé une baisse de recettes pétrolières. Frappé par la flambée des prix des céréales, la vie chère à l’intérieur du pays est allée croissant. Cette nouvelle source de revenu est une aubaine pour l’État nigérian, plus grande réserve gazière d’Afrique.
L’Algérie et le Niger également tireront profit de la construction de ce projet, dans un contexte économique marquée par l’inflation et la baisse de revenus pétrolier.
L’Afrique à l’occasion de se positionner sur le marché international alors que les prix du gaz en Europe a connu une hausse de plus de 50% depuis l’éclatement de la guerre. Notons qu’au même moment, le Maroc tente de signer un accord avec le Nigéria et d’autres pays de la CEDEAO pour la construction d’un gazoduc de plus de 6000 km.
Les détails tels que le prix de vente, le financement et l’impact environnemental ne sont pas encore révélés
Dans le cadre de ce marché, plusieurs paramètres doivent être pris en compte afin de déterminer la pertinence de cette canalisation.
Premièrement la politique de fixation de prix. Le prix auquel sera vendu le gaz n’a pas été mentionné dans le rapport des échanges entre les trois ministres. Ce prix devrait être plus haut en raison de la flambée générale du prix des matières, de la rareté et de la loi de l’offre et de la demande.
En outre, il est question de savoir quels sont les ingénieurs qui travaillerons sur le projet, et d’où viendra le financement. Ceci permettra de déterminer qui, au-delà des documents profitent réellement de cet échange. Parce qu’il faut noter que le Nigéria et le Niger traversent des difficultés internes qui ne leur permettent pas de véritablement mettre des fonds à disposition.
Les travaux devront également dans une mesure plus large se soucier du bien-être des populations locales et de l’environnement. L’État du Delta est le théâtre de plusieurs catastrophes naturelles du fait de l’exploitation pétrolière. Les populations locales subissent continuellement les inondations et sont obligés de se réfugier dans d’autres États pour ceux qui en ont les moyens.
L’envergure du projet gazoduc requiert la présence d’institutions régionale et/ou sous régionale
Les initiatives étatiques n’ont pas encore porté leurs fruits alors que le littoral gagne du terrain. Ce nouveau projet comporte des risques aussi importants que l’exploitation pétrolière. Il s’agit notamment de la contamination des eaux et le rejet de contaminant dans l’air et les sols. Contrairement à l’oléoduc, un accident sur gazoduc à haute pression met directement en péril la vie des populations environnantes.
L’autre maillon à prendre en compte est le Niger. Il est important que les externalités de ce projet soient au moins supérieures au risque que cours les populations locales. Gangréné par l’insécurité, il est important de mieux examiner la construction de ce bout du gazoduc.
L’envergure de ce projet ne saurait être l’apanage des États pris isolément. Les institutions africaines telles que la Banque Africaine de Développement (BAD) devraient venir en appui au pays en déficit de financement car il s’agit d’un réel tremplin pour une sortie de crise sereine.
Les pays impliqués et plus précisément le Nigéria doit être conscient de son poids dans les négociations afin de prendre des dispositions qui lui seront favorables.
L’Afrique malgré les troubles internes continue de se positionner sur le marché international. Les ressources gazières ne représentent à minima le potentiel du continent. La mutualisation des ressources humaines et financières permettra à l’Afrique de se positionner comme référence sur le marché mondial.