Face aux difficultés que rencontrent la plupart des pays africains, la BAD décide de mettre à disposition des agriculteurs une somme de 927.5 milliards de FCFA. Cette clause a été rendue publique au cours des assemblées annuelles du groupe de la banque africaine de développement qui se sont tenues du 23 au 27 mai à Accra au Ghana.
La BAD, afin d’optimiser l’impact de son appui, a posé des conditions aux potentiels pays bénéficiaires. Le groupe souhaite poser des actions précises afin d’en mesurer clairement le retour de son apport. Il a donc sommé les récipiendaires de suivre une certaine démarche. Il est question pour les pays de soumettre à l’endroit du bailleur de fonds, un formulaire qui explique dans les détails le projet qui a besoin de financement (maturité du projet, type de culture, superficie, zone …)
En cas de réponse positive l’accompagnement de la BAD peut être à la fois technique et financier. C’est-à-dire qu’en plus des sommes qui seront mises à disposition le groupe pourra également apporter des intrants modernes aux agriculteurs du pays. « C’est une facilité qui existe, mais c’est basé sur les besoins. Ce qui est important c’est de faire le développement d’un projet à soumettre à la BAD. La banque va étudier et elle pourra financer les agriculteurs des pays qui le sollicitent sous la base d’un projet soumis par les gouvernements » a expliqué Akinxumi Adesina, président de la BAD.
Le financement de la BAD est une Bouée de sauvetage pour les producteurs de blé et ses substituts au Cameroun
Cette aide tombe à point nommée au vu des récents évènements survenus sur la scène internationale. Le conflit russo-ukrainien entre autres a plongé le monde dans une forte pénurie. En effet, depuis le déclanchement de la crise, l’Ukraine premier exportateur de blé a fermé le robinet des approvisionnements. Le prix de cette matière première a connu une hausse fulgurante ; plus de 65% en glissement annuel.
Il est important de noter que le blé est le principal intrant utilisé pour la fabrication de pain ou de beignet au Cameroun. En 2020, le pays a importé 860 000 tonnes de blé ce qui a coûté 150 milliards de FCFA. Alors que des substituts à la farine de blé sont de plus en plus nombreux, on constate un manque de moyen financier ne permettant pas une production à grande échelle. Le financement de la banque facilitera l’expansion de la production de ses substituts, ainsi que la modernisation des moyens de production de la farine.
L’appui de la BAD permettra de booster les filières céréales et halieutiques
Un autre secteur qui aurait besoin de support est celui des céréales. La production locale s’élève à 4 198 483 tonnes en 2018, mais la part des importations restent considérables. En effet selon l’institut national de la statistique (INS), entre 2020 et 2021, le Cameroun a importé respectivement 709 924 (146.1 milliards de FCFA) et 808 342 tonnes de céréales (176.1 millions de FCFA). Au premier semestre de l’année 2021, le pays a importé le riz pour un montant total de 318.5 milliards de FCFA.
Cette filière a du mal depuis le début de la crise à émerger car, les pays en conflit sont les principaux partenaires du Cameroun. En effet, le pays importe 43% de la quantité totale de ses engrais en Russie, soit 16.4 milliards. La pénurie a à cet effet entraîné une hausse des prix. Le sac de 50 kg coûte quasiment deux fois plus chères depuis quelques mois. Dans la ville de Garoua, les agriculteurs acquièrent désormais le sac d’engrais au prix de 35 000 FCFA alors qu’il coûtait au préalable 18 000 FCFA. Il en va de même pour l’urée qui est passé de 17 000 à 40 000 FCFA.
Le secteur aquacole a également besoin d’être soutenu afin de permettre au pays d’accroître sa résilience aux chocs internationaux. Le pays n’arrive pas à produire une quantité suffisante de poisson et par conséquent dépend fortement des importations. La production locale est comprise en 2300 et 20 000 tonnes tandis que l’objectif que s’est fixé le secteur est de 100 000 tonnes par an.
Le financement octroyé par la BAD touche le point névralgique des défis de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne
L’accompagnement de la BAD, permettra aux pays bénéficiaires d’accroître leur résilience aux chocs internationaux. Ceci est une opportunité alors que l’on peut constater à quel point les pays africains dépendent fortement de l’étranger pour des intrants et produits de premières nécessités. La démarche employée par le groupe permettra aux différents pays de poser des actions précises et mesurables. A l’aune de la mise en place de la ZLECAF (Zone de Libre-Echange Continentale Africaine), l’Afrique peut booster son autosuffisance alimentaire tout promouvant la consommation des produits locaux. Les réserves de change s’en verront confortées.
Les conditions posées par la BAD ne sont par exemple pas celle du même genre que celle à la RCA imposée par le FMI. Si dans le dernier cas on peut saisir une pointe de chantage, dans le second on lit une volonté de travail avec efficacité. Le développement de l’Afrique doit on avoir pour épicentre l’Afrique est ses institutions.