L’époque où Ouagadougou était l’une des capitales les plus propres de la sous-région, recevant des distinctions sur le plan africain est bel et bien révolue. Aujourd’hui, Ouagadougou est insalubre, mais pas seulement. En effet, c’est tout le pays du Burkina Faso qui est plongé dans un état d’insalubrité tel que les autorités ont été contraintes de ressusciter la fameuse opération mana-mana. Même si l’initiative est à saluer, une amélioration ne serait pas de refus au risque de lasser les populations et les perdre dans le processus.
Avant de s’assurer de la bonne exécution de l’opération mana-mana, il est nécessaire pour les décideurs et les populations de s’attaquer à l’origine du problème d’insalubrité qui n’est autre que la corruption.
Attaquer le mal à la racine
Si la corruption est désignée comme l’origine du problème d’insalubrité, c’est parce que l’argent prévu pour les réalisations permettant de se débarrasser de la saleté, finit presque toujours dans les poches des autorités que l’on peut retrouver dans les mairies, les entreprises et les autres services chargés de veiller à l’exécution des travaux.
En effet, la corruption est le mal qui explique l’absence de caniveaux qui très souvent, ne sont pas réalisés alors qu’ils sont prévus dans le cahier de charges. Et lorsqu’ils sont réalisés, ils sont soit construits en ignorant toutes les règles techniques, soit les ouvriers ne les ferment pas avec des dalles de bonne qualité. La conséquence est que ces endroits deviennent très dangereux en termes de risques d’accidents et se transforment en poubelles pour les riverains.
Quelques solutions à envisager pour régler le problème d’insalubrité
La première solution serait évidemment d’endiguer la corruption, ou tout au mieux, de diminuer ses effets. Avec la transition en cours, le gouvernement a l’opportunité de prendre des mesures nécessaires pour arrêter et punir ceux dont la responsabilité est établie dans ces actes de corruption, tout en essayant de dissuader tous ceux qui seront désormais tentés de s’y adonner.
Sur le plan municipal, il faudrait mettre à la disposition des usagers, suffisamment de bacs à ordures, veiller à les vider de manière régulière et également doter toutes les villes de toilettes et latrines publiques. L’absence de ces infrastructures poussant certains à faire leurs besoins n’importe où, leur place est donc plus que nécessaire.
Nettoyer de façon systématique tous les caniveaux bouchés et enlever immédiatement les ordures et autres détritus qui en sont sortis, est également une solution à prendre en compte.
Prêcher par l’exemple
Enfin, le plus grand combat pour parvenir à des villes propres et salubres, passe par le changement des mentalités. Tant que les populations n’adopteront pas la culture de l’hygiène publique, les choses ne changeront pas, même si le pays regorge de toutes les infrastructures nécessaires.
Le Burkina Faso a besoin d’une éducation qui inclurait des cours de salubrité, au même titre que des cours sur les notions de biologie, sécurité routière, environnement et santé publique. Mais au-delà d’enseigner, il faudrait également mettre cela en pratique, dans les écoles, lycées et collèges. Et ceux qui auront appris, pourront à leur tour, apprendre aux autres, les influencer en montrant l’exemple au tout d’eux et dans leurs communautés respectives.
Pour le moment, malgré l’opération mana-mana, on a l’impression que la salubrité et l’hygiène des villes ne concernent que les autorités, les directeurs et chefs de services qui, au vu des constats, semblent s’y intéresser non pas par conviction, mais par le souci de ne pas être pris à défaut par les initiateurs de l’opération.
Il reste donc un réel effort pour faire s’enthousiasmer et encourager les populations locales et les inciter à prendre un peu plus à cœur la propreté de leur environnement.