Dans un récent rapport, la Banque Mondiale est revenue sur le secteur agricole camerounais qui, malgré certaines avancées, rencontre tout de même des obstacles qui l’empêchent de réaliser des exploits et atteindre son potentiel maximum en terme de diversification de l’agro-industrie.
Le rapport intitulé «Créer des marchés au Cameroun », a examiné quelques secteurs importants de l’agriculture camerounaise et a apporté des solutions aux problèmes qu’il rencontre.
L’examination faite par la Banque Mondiale
Dans son rapport, la Banque Mondiale reconnaît volontiers le statut de terre d’opportunités qui revient au Cameroun, notamment pour les investisseurs du secteur privé et au vu de la productivité qui est actuellement dans une phase de croissance stable dont 4% en termes de valeur et une augmentation des surfaces cultivées soit 16 % en 2015 contre 21% en 2018.
Malgré ces chiffres plutôt rassurants, l’institution a signalé les contraintes auxquelles font face les filières agricoles dans le pays. Elle a commencé par le secteur du cacao, où le Cameroun occupe le rang de 5e producteur mondial et 3e en Afrique après la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Pour la Banque, le peu d’accès des femmes aux terres et à la propriété foncière, ainsi que la charge disproportionnée des responsabilités familiales, constituent des obstacles majeurs à leur pleine participation à la production du cacao. Ce qui pourrait expliquer pourquoi le Cameroun peine à atteindre ses objectifs en ce qui concerne la production de cette matière. Fixés à 600 000 tonnes par an, il n’a pu atteindre que les 370 000 en fin novembre 2020.
D’autres secteurs touchés
Outre le cacao, le Cameroun produit la banane. L’aliment est d’ailleurs le 3e produit agroforestier exporté au pays après le cacao et le bois. Selon le rapport de la Banque, la banane fait face aux coûts de production élevés qui sont 50% plus chers que le Costa Rica ou l’Equateur. En plus des 2 charges fiscales qui s’ajoutent au manque de compétitivité du secteur à savoir l’acompte sur le chiffre d’affaires qui est passé de 1,1 à 2,2% en 2015 pour les entreprises au régime réel et le non-remboursement par l’État des crédits de TVA.
En ce qui concerne les filières hévéa et huile de palme, celles-ci ont été très touches par la crise du Noso, en particulier les plantations appartenant à l’Etat. Par ailleurs, l’inactivité et la faible productivité des plantations familiales, n’ont pas aidé les filières à aller mieux. Dans le rapport, la Banque Mondiale affirme que d’après les producteurs, les problèmes de routes, favorisant la difficulté d’accès aux zones rurales pour certaines plantations, et la taxation des grandes entreprises par le gouvernement, sont des obstacles majeurs pour l’objectif déclaré d’atteindre une autosuffisance.
Quant au maïs et aux céréales, l’institution a observé une faible productivité malgré les investissements faits dans les variétés de semences. Tout comme l’horticulture et l’agriculture périurbaine, la faible productivité de l’agriculture du maïs et des céréales s’expliquerait par le fait qu’elle est assurée dans sa majorité, par des exploitations familiales dont la plupart sont peu mécanisées et utilisent très peu d’intrants extérieurs.
Les solutions proposées par la Banque Mondiale
Au-delà d’un examen fait de fond en comble, la banque mondiale a également apporté des solutions à tous les problèmes soulevés. Ainsi, l’institution a révélé qu’il existait des solutions à court et à moyen terme explorables dans le but de fournir plus d’opportunités d’investissement au secteur privé.
Certaines de ces solutions sont le renforcement de la capacité de la Sodecao pour distribuer des cultivars et améliorer les capacités notamment en augmentant le personnel ; la re-examination du prélèvement sur les exportations de cacao ; le renforcement de la capacité des groupements de producteurs et des agriculteurs industriels de cacao et de maïs à établir des liens avec les marchés. Sans oublier le passage à un géoréférencement systématique des concessions de plantations industrielles, en commençant par celles des palmiers à huile et le renforcement des services professionnels d’appui technique et économique ainsi que les activités de Recherche et développement par le biais de plateformes d’innovation.
Pour rappel, ces solutions ne sont que quelques unes parmi une large palette de celles suggérées par la Banque Mondiale. Celles-ci ne restent que des essais de solutions, il revient donc au gouvernement camerounais de décider si oui ou non, il va les appliquer et seulement à ce moment-là, pourrions-nous attester ou non de leur efficacité.