Il y’a quelques mois, précisément le 18 mai 2021, le préfet du département du Wouri a établi une note interdisant la circulation des engins lourds entre 7h et 21h sur l’axe allant du pont de la Dibamba au carrefour Marché des fleurs, du fait du nombre des accidents de circulation impliquant les engins lourds.
En 2021, 5 319 accidents impliquant de gros porteurs à Douala ont été enregistrés. Parmi ceux-ci, 4 121 accidents ont causé des dommages matériels aux usagers de la route. En outre, l’équipe a signalé 989 accidents corporels, 206 accidents mortels et 1 099 blessés selon les chiffres rendus public par le Groupement régional de la voie publique et de la circulation. Au vu de ces chiffres, le Groupement a identifié Le tronçon «Marché des fleurs-Pénétrante Est-Dibamba» comme étant le plus accidentogène en 2021. Cette situation critique préoccupe les autorités administratives de la ville de Douala.
En réponse aux statistiques rendus publics par le Groupement régional de la voie publique et de la circulation pour le Littoral. Une première concertation inclusive initiée par le maire de Douala a eu lieu, regroupant autour d’une même table les autorités de la ville de Douala, les syndicats et acteurs du transport par engins lourds de Douala. L’objectif de cette concertation inclusive était « de dresser l’état des lieux de la circulation des véhicules poids lourds dans la ville de Douala ; relever les principales contraintes auxquelles les acteurs de ce secteur de transport font face ; élaborer un plan de circulation des poids lourds ; mettre en place une politique de stationnement des poids lourds dans la ville de Douala» affirme le maire de la ville Roger Mbassa Ndine.
Malheureusement, cette concertation a été une occasion pour jouer à la baballe, parce qu’aucune partie prenante n’a voulu prendre sur elle la responsabilité de ces différents accidents de circulation impliquant les poids lourds. Le Préfet du Wouri, Benjamin Mboutou attire l’attention sur le fait que, « Les chauffeurs de poids lourds ont plusieurs fois été surpris roulant à pleine vitesse en zone urbaine, en violation des textes en la matière. Parfois, lorsqu’ils écrasent des personnes, ils ne s’en rendent même pas compte et continuent de rouler ». Et le Maire déplore « La mauvaise utilisation des infrastructures existantes par les transporteurs ». Rejetant clairement ainsi la responsabilité sur les conducteurs d’engins.
Mais les conducteurs d’engins ne sont pas restés silencieux face aux accusations des autorités. Bien qu’étant ravi de cette concertation avec les autorités administratives, Raymond Moungang Président du Sntrc (Syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun), pour la Région du Littoral a réfuté les accusations portées à leur endroit. Il a affirmé que, « nous sommes heureux de la tenue de cette rencontre, mais je crois que les autorités administratives sont à 80 % responsables de tout ce qui se passe dans nos routes. Quand on regarde les marchés qui naissent spontanément dans nos carrefours réduisant au passage la chaussée, l’absence des auto-écoles pour gros porteurs, la délivrance des permis de conduire douteux, les mauvais état des routes etc. »
Le Président du Reptroc, Moïse Voukeng pense que, « Il s’agit de dissiper tout malentendu. Mais également afin que les syndicats des transporteurs d’engins lourds puissent non pas se justifier, mais énumérer les difficultés rencontrées dans le cadre de leurs activités au quotidien dans la ville de Douala. Ces réflexions nous permettront à terme pour les poids lourds, une politique de stationnement, un plan de circulation, ainsi qu’un cadre réglementaire du transport des poids lourds dans la ville de Douala ». Ainsi, il en ressort plusieurs résolutions issues des ateliers tenus dans le cadre de cette rencontre. Il s’agit de : a création d’un parking pour camions et autres engins lourds ; la formation des chauffeurs ; la création des auto-écoles pour gros porteurs ; l’aménagement des routes dédiées ; la création des espaces de repos pour les chauffeurs des engins de poids lourds ; et l’interdiction des stationnements irréguliers le long des axes.
Cette concertation a donné l’opportunité a plusieurs acteurs de véritable s’exprimer. Mais qu’en est-il des usagers de la voie qui écopent injustement des conséquences de ces accidents de circulations? La présence des représentants des usagers de la voie à la prochaine concertation annoncée, rendra celle-ci effectivement inclusive.