Le 1er août 2022 a été une journée importante pour la Confédération des Associations des Jeunes Solidaires du Cameroun (Cajsc) qui a adressé une demande d’autorisation de manifestation auprès de la sous-préfecture de l’arrondissement de Garoua 2e. À travers la voix de son président M. Mohamadou, la Cajsc envisage d’organiser une marche pacifique à Garoua le vendredi 12 août prochain en vue d’exiger la libération de Marafa Hamidou Yaya, Iya Mohammed et Amadou Vamoulké, détenus dans le cadre de l’opération épervier.
La Cajsc s’est basée sur la récente libération de Basile Atangana Kouna, ex-ministre de l’eau et de l’énergie, lui aussi, arrêté et détenu depuis plusieurs années, dans le cadre de l’opération épervier.
L’Opération Épervier
L’Opération Épervier est une vaste opération judiciaire initiée dans le cadre de la lutte anti-corruption au Cameroun. Cette opération a été lancée par le gouvernement du Premier ministre camerounais de l’époque, Ephraïm Inoni en 2006, sous la pression des bailleurs de fonds internationaux. Ce même Ephraïm Inoni a été arrêté depuis, en 2012, dans le cadre de cette même opération.
Au cours de ladite opération un grand nombre de ministres et des dirigeants d’entreprises publiques ont ainsi été arrêtés et condamnés. Sur la liste des condamnés se retrouvent des noms tels que celui de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Polycarpe Abah Abah et l’ancien ministre de la Santé Urbain Olanguena Awono, arrêtés pour détournements de fonds; Gervais Mendo Zé, l’ex-patron de l’audiovisuel public, l’ex-ministre Alphonse Siyam Siwe emprisonné pour des détournements de fonds au port autonome de Douala en décembre 2007, Roger Ntongo Onguéné, l’ancien patron des Aéroports du Cameroun ou encore l’homme d’affaires Yves Michel Fotso arrêté en 2010, et faisant l’objet de plusieurs condamnations dont la prison à vie.
Le président de la république Camerounaise a toutefois été accusé d’utiliser en partie cette opération anti-corruption pour écarter des personnalités, souvent eux-mêmes anciens protégés du président, à des fins politiques.
Atangana Kouna, symbole d’espoir pour les détenus de l’opération épervier ?
En tout cas, c’est le sentiment que sa libération a suscité, puisqu’elle a sans doute eu pour effet de faire pousser des ailes à la jeunesse de Garoua.
En effet, l’ancien directeur général de la Camwater a été libéré « sur hautes instructions du Chef de l’Etat » après qu’il a remboursé plus d’un milliard de Fcfa, une somme qui représentait le principal chef d’accusation auquel il faisait face.
La marche prévue vendredi prochain, se tiendra entre 10h et 12h.
Le banc des accusés
Au bout de cette marche, se trouvent des revendications sur la libération de trois personnes, considérées comme des élites de la région du Nord.
Marafa Hamdou Yaya, condamné pour complicité intellectuelle ; l’ancien SGPR et également ancien ministre de l’Administration Territoriale, a été incarcéré en 2011 suite à la fameuse affaire de l’achat de l’avion présidentiel Albatros.
L’ancien directeur général de la CRTV, Amadou Vamoulké, détenu à la prison de Yaoundé Kondengui depuis 6 ans. Alors qu’il continue tant bien que mal à clamer son innocence, son affaire à quant à elle, déjà été renvoyée 96 fois.
Et enfin, Iya Mohammed, l’ancien président de la FECAFOOT et ex Directeur Général de la SODECOTON. Incarcéré lui aussi à la prison de Kondengui depuis plus de 10 ans sans jugement définitif, il continue de clamer son innocence.
Même si la jeunesse du Grand-Nord obtient la permission de manifester, encore faudrait-il qu‘Etoudi entende d’une oreille attentive ses revendications et qu’il y réponde favorablement. A la question de savoir si ces revendications sont légitimes nous laissons le soin à la justice Camerounaise bien qu’incroyablement lente et contestée d’y répondre.