Les Comores vivent des moments particuliers. Après avoir été reconnu coupable de trahison dans l’affaire de vente de passeports à des apatrides du Golfe, Ahmed Abdallah Sambi, l’ancien président des Comores a été condamné par la Cour de Sûreté de l’État, à la prison à vie. La Cour de Sûreté de l’Etat est reconnue pour ses verdicts sans appel. Ce qui en d’autres termes, voudrait dire qu’il n’y aurait pas moyen pour l’ex-président d’échapper à la sentence.
Haute trahison
Les Comores sont un minuscule archipel de l’océan indien qui a connu des années de pauvreté extrême et des troubles politiques. Malgré son indépendance obtenue en 1975 de la France et un rehaussement économique connu en 2021, les populations du pays sont aujourd’hui touchées par l’inflation au même titre que le reste du monde.
Sambi a dirigé le pays de 2006 à 2011, et en 2008, il a promulgué en 2008 une loi autorisant la vente de passeports à des prix élevés. Un projet très controversé qui avait pour but de donner la nationalité aux Bidounes. Une minorité arabe de dizaines de milliers de personnes dans l’incapacité d’obtenir la citoyenneté.
Selon les accusations de M. Mohamed Djounaid, le procureur général, Sambi aurait détourné 1,8 milliards de dollars grâce à ce système frauduleux, une somme qui représente bien plus que le PIB de l’archipel déjà apauvri. Djounaid a requis une peine de prison à vie pour celui qui d’après lui, a trahi la mission qui lui a été confiée par le peuple comorien.
La défense de l’ex président comorien
Malgré les accusations et déclarations des avocats des plaignants civils, notamment celle d’Emmanuel Sossa qui a affirmé qu’on avait conféré à des voyous le droit de vendre la nationalité comorienne « comme s’ils vendaient des cacahuètes », Sambi continue de tout nier.
Son avocat Jean-Gilles Halimi a affirmé qu’aucune preuve n’avait été fournie pour les sommes manquantes et qu’aucun compte bancaire n’avait été présenté pour suggérer un crime.
S’agissant du procès, Sambi a refusé d’y assister sous prétexte qu’il n’y avait aucune garantie qu’il serait jugé équitablement. Il a cependant brièvement comparu une fois avec sa défense, et a demandé au juge de se récuser car il avait déjà siégé dans le panel qui avait décidé de l’inculper.
Campagne de diffamation ?
Sambi n’en est pas à ses premières frasques avec la justice comorienne. Avant ces accusations de haute trahison, il avait d’abord été accusé de corruption et avait passé 4 ans en prison avant de recevoir son jugement.
Il avait également été placé en résidence surveillée pour avoir prétendument troublé l’ordre public et 3 mois après, il était placé en détention provisoire pour détournement de fonds, corruption et falsification, dans le cadre du scandale dit de la « citoyenneté économique ».
Pour sa fille Tisslame Sambi, il ne s’agit que d’une campagne de diffamation puisque son père, connu comme un opposant direct de Azali Assoumani, représente une entrave politique pour l’actuel dirigeant des Comores qui fait tout pour écarter son rival.
D’autres témoignages ont laissé penser à un complot du gouvernement contre M. Sambi. En effet, Bashar Kiwan, un homme d’affaires franco-syrien et aussi accusé dans l’affaire, a accusé les autorités comoriennes de chercher à faire pression sur lui pour témoigner contre l’ancien président en échange d’une grâce.
Toutes ces accusations ont été formellement démenties par la présidence des Comores.