Ce mercredi 20 juillet 2022, une équipe de l’Institut national de santé publique (INSP) a présenté aux autorités sanitaires ivoiriennes, les résultats d’un projet-pilote de chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) réalisé sur les enfants de 0 à 59 mois. Le projet a été mené pendant cinq mois, précisément de juillet à novembre 2021 dans le district sanitaire de Dikodougou, dans la région de Korhogo.
La restitution de ces résultats s’inscrit dans le cadre des activités de promotion et de vulgarisation des résultats de recherche en santé menées par l’INSP.
Le projet a contribué à la documentation de l’acceptabilité et la faisabilité de la CPS , une méthode qui consiste à l’administration de doses thérapeutiques complètes sur une période de trois jours, chaque mois, à des enfants de trois à 59 mois afin de les protéger contre le paludisme clinique.
L’accueil chaleureux du projet CPS
Pendant la remise des résultats à l’INSP, le Dr Kangah Orphée, principale auteure du projet, a indiqué que l’étude a été menée sur 1 701 enfants, plus de 94% des mères l’ont accepté et admis l’efficacité du traitement dans la protection de leurs enfants. Des commentaires positifs qui ont suscité l’intérêt des personnes plus âgées.
Mais, le public n’est pas le seul à vanter les mérites du CPS. C’est sous la supervision du Pr Yavo William, chef de service du Centre de recherche et de lutte contre le paludisme (CRLP) et du Pr Issaka Zongo de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) et également coordinateur du projet au Burkina Faso et dans la sous-région, que le Dr Kangah a mené l’étude. Au bout de celle-ci, elle a souligné l’enthousiasme dont ont fait preuve ces agents de santé communautaire, à la vue des résultats.
Un projet qui tombe à pic
À cause de son état de zone endémique saisonnière, la région Nord de la Côte d’Ivoire est constamment soumise à la transmission durable du paludisme. Elle n’est pas la seule dans ce cas ; le Mali, le Sénégal, la Gambie, le Ghana et le Burkina Faso, frontalier de la Côte d’Ivoire, connaissent ce problème. D’ailleurs, au Burkina Faso, cette stratégie « sur mesure » fait l’objet d’une évaluation approfondie depuis 2014, avec des résultats satisfaisants.
Kouamé Noël, en sa qualité de représentant du ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, a salué le travail de l’équipe de chercheurs. Le conseiller technique qui était présent à Abidjan-Plateau a également fait la promesse de faire un compte rendu des recommandations à son ministre Dimba Pierre.
Les atouts du CPS
Selon Kouamé Noël, le CPS a de nombreux points positifs qui devraient faciliter son implémentation dans tout le nord du pays. L’adhésion unanime des agents de santé à l’usage du CPS à titre préventif et la perception favorable des parents qui l’ont non seulement adopté mais aussi conseillé à leurs voisins, rendent également possible son extension à tous les enfants et aux adultes, en prenant en considération les multiples réalités sociologiques des populations pour lutter efficacement contre le paludisme dans le pays.
L’un des principaux points forts du CPS reste le taux de décès dus au paludisme qui a considérablement diminué ; allant de 3 222 en 2019 à 1316 en 2020. Malgré cette baisse de près de 50%, la question du paludisme demeure un défi majeur de la santé publique en Côte d’Ivoire (quatre décès dont trois enfants chaque jour).
D’autres facteur tels que la gratuité de la prise en charge des enfants et des femmes enceintes ; de la distribution des moustiquaires imprégnées et des pulvérisations intra domiciliaires, ne changent pas grand-chose puisque la maladie reste la première cause de consultations. Des points importants qui montrent que la lutte contre le paludisme en Côte d’Ivoire et en Afrique en général, est un combat qui prendra du temps mais qui n’en demeure pas moins impossible.