« Le vrai problème aujourd’hui est une série de défaillances dans d’autres systèmes qui ont malheureusement conduit à une crise alimentaire : par exemple, aucune ou très peu d’actions sur l’adaptation au changement climatique »
Cette situation n’est pas un cas isolé car, c’est tout le Sahel qui connait depuis plus de dix ans déjà sa pire sécheresse, plongeant ainsi plus de 10,5 millions de personnes dans la malnutrition.
La vulnérabilité du Burkina Faso découle en grande partie du fait que le pays dépend des précipitations pour presque tous ses besoins en eau, y compris l’agriculture. Dans un rapport de l’OCHA émis le 18 novembre 2021, l’activité agricole contribue à hauteur de 80% dans la constitution du PIB, pour une population dont 46% vit en dessous du seuil de pauvreté.
Cette situation est en interne accentuée par des conflits qui entrainent des flux migratoires conséquents. Selon le même rapport, en raison des violences et des déplacements subis, le Burkina Faso subit l’une des crises humanitaires les plus importantes et les plus rapides au monde, beaucoup ayant perdu l’accès aux ressources et aux moyens de subsistance délimitant
« Nous sommes venus ici parce que les groupes armés nous ont chassés de notre village. C’est une bonne personne qui me permet de cultiver ce bout de terre. Mais à cause du manque de pluie, les récoltes sont mauvaises. Nos champs au village sont plus fertiles que ceux d’ici. Il y’a des poches de sécheresse ici. Les pluies ne viennent pas jusqu’au bout. Le sorgho que j’ai planté n’a pas survécu et j’ai dû planter du niébé à la place sans succès », explique Larba Mathieu Yougbare, agriculteur et déplacé à l’intérieur du pays.
Patrick Youssef, président du comité international de la croix rouge pour l’Afrique que la situation s’empire à cause du manque de stratégie en offensive à cette situation aussi vielle que le Pays. « Le vrai problème aujourd’hui est une série de défaillances dans d’autres systèmes qui ont malheureusement conduit à une crise alimentaire : par exemple, aucune ou très peu d’actions sur l’adaptation au changement climatique, donc des financements climatiques qui n’arrivent malheureusement pas aux endroits qui doivent faire face comme la Somalie, le Mali ou les pays du Sahel, aux aléas climatiques, à la sécheresse, à l’avancée du désert et qui malheureusement ne trouvent pas de solution. »
Par ailleurs, les questions sécuritaires devraient être prises de plus en plus au sérieux en raison de ce que les différents conflits internes créent de l’instabilité qui affecte le bien-être des populations. Le G5 sahel devrait être élargi et voir la participation d’autres États même à l’abri des problèmes de sécheresse car, les conséquences en termes de flux migratoire seront désastreuses si l’hémorragie n’est pas stoppée. L’Afrique subsaharienne devra travailler à développer des facteurs de résilience aux différents chocs, au travers de l’entraide, de la recherche scientifique et de la mise en œuvre des solutions déjà évoquées telles que le reboisement.