Plus de 350 civils d’ethnies d’amhara ont été exécutés durant le week-end dans la localité de Tole, dans le district de Gimbi, dans l’ouest de l’Éthiopie. Les survivants accusent des rebelles oromos. Cependant, ceux-ci incriminent les forces progouvernementales.
Ces survivants, qui ont parlé à l’AFP sous couvert d’anonymat, ont accusé des rebelles de l’Armée de libération oromo (OLA) d’avoir froidement exécuté des villageois de la localité de Tole. Par ailleurs dans un communiqué, le gouvernement régional de l’Oromia a également accusé l’OLA, classée comme organisation terroriste par le gouvernement éthiopien, d’avoir « mené une attaque cruelle contre des innocents », après des combats contre les forces gouvernementales, samedi matin, dans le district de Gimbi.
Il faut noter que, par le passé, l’OLA a déjà été accusé de massacres visant les Amharas vivant en Oromia par le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed.
Le massacre
Le massacre a duré plusieurs heures. De nombreux corps gisaient dans les rues, affirme des témoins oculaires. Un homme Amhara a déclaré avoir « personnellement aidé à enterrer 61 corps dimanche » et affirmé que « le nombre de corps mis en terre ce jour-là était de 351 au total ».
« Le but de toutes ces attaques est de nous forcer à partir », a-t-il estimé, ajoutant : « Nos maisons et nos biens ont été détruits. Je veux quitter cette région, aller dans ma région ancestrale, ça me permettrait au moins de vivre en paix. » « J’ai perdu ma fille de 16 ans dans l’attaque, tuée par une balle des hommes armés » de l’OLA, a déclaré un autre Amhara en précisant que les rebelles avaient bloqué la route principale de la zone.
Cependant, un porte-parole de l’OLA, Odaa Tarbii, a accusé, dimanche, une milice régionale progouvernementale d’avoir commis ces meurtres et réclamé une enquête indépendante. « Le régime d’Abiy accuse à nouveau l’OLA d’atrocités commises par ses propres combattants battant en retraite », a-t-il tweeté.
Le Premier ministre a affirmé, lundi, sans toutefois mentionner l’OLA que « les attaques contre des civils innocents et la destruction des moyens de subsistance par des forces illégales et irrégulières sont inacceptables ».
Des forces de sécurité soupçonnées
Les témoignages interviennent quelques jours après que la Commission Ethiopienne des Droits de l’Homme (EHRC) a accusé les forces de sécurité éthiopiennes d’avoir exécuté sommairement des habitants de la capitale régionale de Gambella soupçonnés de collaborer avec l’OLA après que les rebelles ont attaqué la ville. L’EHRC, un organisme public mais juridiquement indépendant, affirme expressément que des « exécutions de porte à porte » ont été menées par les forces de sécurité. L’année dernière, l’OLA s’est alliée au Front de libération du peuple du Tigré, qui combat les forces fédérales dans le nord de l’Éthiopie depuis novembre 2020.