Le gouvernement gambien s’est dit prêt mercredi 25 mai, à faire juger l’ex-président Yaya Jammeh en Gambie, accusé d’une pléthore de crimes commise pendant les 22 ans de son règne.
Le ministère de la Justice dit avoir accepté les recommandations soumises en novembre dernier par la commission qui a enquêté sur les crimes commis sous l’ancien régime.
Basée sur rapport de la commission vérité et réconciliation produit en novembre dernier, Le gouvernement a dit mercredi accepter de poursuivre les 70 personnes citées dans le rapport. Dans un communiqué, le ministère de la justice a indiqué que cela concerne « notamment (…) l’ancien président Yahya Jammeh pour une myriade de crimes commis entre 1994 et 2017 », faisant référence à la période pendant laquelle M. Jammeh, lieutenant arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat militaire, a dirigé la Gambie d’une main de fer.
Le ministre de la justice, Dawda Jallow explique que « Nous savons que certaines personnes qui avaient été citées dans le rapport de la commission, continuent à servir dans les différents secteurs des services publics et de la sécurité. Le gouvernement va prendre des mesures pour les suspendre immédiatement de leurs fonctions. Pendant que nous travaillons sur des moyens légaux pour prononcer leur licenciement, leur cessation d’activité, leur mise à la retraite obligatoire, selon les cas. ».
La commission a dénombré entre 240 et 250 personnes mortes entre les mains de l’Etat et de ses agents. De plus, ayant entendu 393 témoignages bouleversants de victimes et de présumés coupables, la commission a passé en revue les crimes commis, qu’il s’agisse des exécutions extrajudiciaires, des viols, des tortures, des disparitions forcées, jusqu’à l’administration contrainte d’un traitement bidon contre le sida. Le gouvernement a répondu point par point dans le Livre blanc, endossant des poursuites contre M. Jammeh pour une litanie de fait, mais aussi des propositions de réformes du système gambien.
« Sur les 265 recommandations proposées par la commission vérité, le gouvernement n’en a rejeté que deux, le reste des recommandations seront donc implémentés, d’une manière ou d’une autre. » a affirmé le ministre de la justice, Dawda Jallow. Ceci est un début de soulagement pour les victimes de l’ère Jammeh et leurs proches qui soupirent depuis fort longtemps après une justice.
La porte-parole d’une coalition d’associations de victimes dont le père, un opposant, est mort en 2016 après avoir été arrêté et torturé, Fatoumatta Sandeng a souligné que « La tâche la plus importante maintenant, c’est de veiller à ce que les recommandations soient respectées, appliquées, et non pas mises de côté comme ailleurs ».
Pour sa part, Ayesha Jammeh, fille d’une victime a clairement donné son opinion : « Je pense que le ministère a vraiment intégré les idées des victimes dans le livre blanc. Ce qui m’a également frappé, c’est que les auteurs de crimes qui occupent encore des fonctions publiques feront l’objet d’une enquête et s’ils sont reconnus coupables, ils seront licenciés, ce qui est une très bonne chose car les victimes disent à maintes reprises qu’elles continuent de voir leurs auteurs dans les mêmes institutions et parfois même dans la rue. ».
Cependant la comparution de M. Jammeh semble une perspective encore lointaine. En effet, L’ancien Chef d’État, vit en exil en Guinée équatoriale et il n’y a aucun accord d’extradition entre les deux capitales.
Entre la mise en place d’une cour spécialisée et la réforme des textes en vigueur, le gouvernement gambien a redonné de l’espoir à la population en particulier aux victimes de l’ère Jammeh. Mais le parcours vers La Justice semble être semé d’embûches.