Dans le cadre de l’appui budgétaire entre la banque mondiale et la république Centrafricaine, l’institution de Bretton Woods suggère des conditions qui n’enchantent pas le gouvernement.
Han Fraeters, responsable pays de la banque mondiale a précisé devant les médias locaux qu’ils souhaitent poursuivre l’appui budgétaire à condition qu’il y’ait une transparence dans la gestion des fonds à eux alloué.
Depuis 2017, la banque mondiale accompagne la RCA au travers d’un appui budgétaire. Elle a complété avec succès deux programmes pour cinq opérations de 2017 à 2020, dont le montant s’élève à 200 millions de dollars soit 130 milliards de FCFA.
Contrairement aux aides destinées à financer les projets d’investissement, l’appui budgétaire permet au gouvernement d’obtenir des fonds indispensables à son bon fonctionnement. Les fonds sont remis au trésor et utilisés conformément aux pratiques budgétaires du pays récipiendaire.
Le représentant de la banque mondiale mentionne que pour rassurer les actionnaires du groupe, il a besoin d’être assuré que les fonds alloués ont été utilisés à bon et scient : « c’est important quand un bailleur de fonds donne de l’appui budgétaire, qu’il puisse avoir une visibilité totale sur toutes les dépenses. Si on n’a pas cette visibilité, les actionnaires ne comprendront pas à quoi l’argent va servir ». Alors, l’institution attend des explications de la part du gouvernement quant à la manière dont ont été gérées les ressources budgétaires destinées aux dépenses sécuritaires.
C’est la réponse à cette préoccupation qui débloquera le reste de l’enveloppe à disposition dans le cadre de l’appui budgétaire. « C’est la visibilité budgétaire qui bloque en ce moment et c’est pour cette raison qu’il n’y a pas encore eu de décaissement de l’appui budgétaire. Il n’y a pas de visibilité sur la totalité des dépenses de l’Etat notamment les dépenses dans le secteur de la sécurité. Cette question a été posée au gouvernement mais la réponse n’a pas été reçue. Alors on attend cette réponse. » A déclaré le représentant pays de la banque mondiale Han Fraeters.
En dehors des questions liées à la sécurité, la banque mondiale présente ses inquiétudes suite à la décision d’adoption du Bitcoin comme monnaie légale. Cette monnaie sera librement utilisée pour effectuer des transactions commerciales avec divers partenaires. L’institution interroge la transparence et les répercussions de cette décision sur l’inclusion financière dans le pays.
« La loi-cadre sur la crypto monnaie adoptée par le gouvernement de la république centrafricaine n’a pas été discutée ou consultée par la banque mondiale. Nous avons des inquiétudes concernant la transparence, ainsi que les implications au niveau de l’inclusion financière, c’est-à-dire l’accès des ménages aux finances du secteur financier et des finances publiques en général ». Tels sont les propos du représentant pays au cours de l’interview accordé au professionnel des médias.
Le retard de ces aides constitue un frein dans le cadre de l’exécution du budget de l’Etat. Le ministère des finances au cours d’un communiqué rendu public bien avant la prise du parole du représentant, fait savoir que la situation au trésor public est « préoccupante » car certains appuis extérieurs attendus n’ont pas été obtenus, en l’occurrence celui de la banque mondiale.
Le représentant a rassuré le gouvernement quant à sa volonté de mettre à disposition les fonds en appui au budget de l’État. Toutefois les conditions restent les mêmes à savoir la visibilité et la transparence. Ainsi, l’appui n’a pas été suspendu, les deux parties doivent trouver une entente. Et pour cela déclare Mr Fraeters, « nous poursuivant le dialogue avec le gouvernement pour créer les conditions dans lesquelles on puisse faire l’appui budgétaire comme cela a été fait de 2017 à 2020. Le gouvernement a le choix de travailler dans cette direction. Dès que les conditions seront favorables, l’appui budgétaire reviendra sur la table de nos engagements.»
Par ailleurs, la banque mondiale donne d’autres pistes pour sortir de la crise. A côté du financement extérieur, le gouvernement peut mobiliser des ressources intérieures au travers des revenues des impôts et des douanes. Deuxièmement, l’État peut revoir à la baisse son budget comme tel est le cas lorsqu’on est en déficit. Troisièmement le pays peut puiser dans le reste des fonds COVID alloué par le FMI. La dernière option qui est la plus couteuse est l’emprunt auprès des banques nationales.
Des options présentées, la moins risquée reste et demeure l’appui budgétaire de la banque mondiale, qui réitère son désir de venir en aide à la RCA. Elle reste engagée pour la réalisation des projets en cours dans le pays notamment, le projet Londo, la construction des routes, l’accès à l’eau, le champ solaire de Danzi et deux projets numériques. La balle reste donc dans le camp de la république centrafricaine.