« Ce conflit a induit, à travers la flambée des prix des matières premières agricoles et énergétiques des chocs d’offre et de demande ont une incidence sur le coût de la vie, l’approvisionnement en produits alimentaires de premières nécessité, le fonctionnement des entreprises et les finances publiques des États membres dont cinq sont producteurs de pétrole. »
La crise Ukrainienne et ses conséquences
La guerre en Ukraine a entrainé de lourdes conséquences qui se font déjà ressentir dans le panier de la ménagère. Principal producteur mondial du blé, le prix de cette denrée a subi une hausse fulgurante sur le marché international. La 16ème session du programme des réformes économiques et financières de la CEMAC tenue à Douala il y’a quelques temps a fait un état des lieux des retombées de la crise Ukrainienne dans l’espace communautaire et a proposé des ébauches de solutions pour mieux y faire face.
Plusieurs produits ont connu une hausse considérable depuis le début du conflit. On peut entre autres citer le blé, les produits pétroliers. En effet, les produits pétroliers ont subi une hausse difficile à soutenir par les entreprises. Au Nigéria, les compagnies aériennes ont suspendu les vols à l’intérieur du pays du fait de la hausse du prix du kérosène. Les cours sur le marché ont connu des hausses si brusques que les entreprises n’ont pas eu le temps de mettre sur pied des stratégies pour y faire face. Le prix du blé quant à lui a eu des conséquences calamiteuses dans de nombreux foyers. Principal intrant dans la fabrication du pain, des beignets et autres, ces produits ont connu une hausse insupportable pour les ménages. Cette situation vient exacerber les difficultés que rencontraient déjà les consommateurs du fait de la pandémie.
Des solutions en vue ?
Les mesures prises concernent dans un premier temps le subventionnement des produits pétroliers à la pompe et l’ajustement des prix de certains produits de grandes consommations tels que le pain. Des allègements accordés aux entreprises sur le fret maritime dont les cotations augmentent depuis des années sont également considérés ainsi que la mise sur pied de fonds de résilience alimentés par une partie des bénéfices pétrolier et destinés au soutien des populations vulnérables.
Il est également question de resserrer la politique monétaire par le relèvement des taux directeurs de la BEAC en raison des tensions inflationnistes et de la dynamique baissière des réserves de change.
Cette batterie de solution doivent être adapté à la réalité de chaque État afin d’obtenir les effets escomptés. Il est donc question de mettre en place une loi de finance rectificative, adopter une stratégie régionale d’import-substitution, encourager la diversification économique et le développement du secteur privé. « Ce conflit a induit, à travers la flambée des prix des matières premières agricoles et énergétiques des chocs d’offre et de demande ont une incidence sur le coût de la vie, l’approvisionnement en produits alimentaires de premières nécessité, le fonctionnement des entreprises et les finances publiques des États membres dont cinq sont producteurs de pétrole. » explique un membre du Pref-CEMAC.
Plusieurs autres recommandations en matière d’harmonisation fiscales, de suppression de taxes internes sur certains produits notamment le riz, le poisson et la viande en vue de faciliter leur commercialisation. Les produits en provenance de la zone devront être labellisés et le règlement en devise limité à 60% du montant des importations.
L’import-substitution: Une solution viable ou pure fantaisie ?
Pour une mise en œuvre efficace de l’import-substitution, la CEMAC doit pouvoir mettre à profit son potentiel agricole. Il s’agit selon la FAO de plus 84 millions de terre cultivable dans l’Afrique centrale. La sous-région dispose à cet effet des moyens pour accroître sa résilience alimentaire. Les problèmes auxquels font face ce secteur sont nombreux. Commençons par mentionner le manque d’investissement ce qui maintient les professionnels dans la précarité.
Pour palier à cela, les gouvernements devraient en plus de l’ajustement du prix du pain recommandé par le plan de réforme économiques et financières, investir dans la production d’intrant qui pourrait remplacer le blé. Il s’agit de manière non exhaustive de la patate douce, du manioc et du plantain. Une cartographie des différents bassins de production et une harmonisation des techniques de production permettront au pays de la CEMAC de mener des actions précises et efficaces. Les organismes nationaux et sous régionaux exerçant dans le domaine de la recherche dans le secteur agropastoral devraient collaborer afin d’être en avant-garde et ainsi accroître les facteurs de résilience des pays de la zone CEMAC.
Les économies de la zone CEMAC dispose d’importantes ressources qui leur permettraient de sortir de la précarité. Si le problème est le financement, le marché financier sous régional dispose d’une notoriété qui permet de mobiliser des sommes importantes. En outre, une politique de gestion de la diaspora d’ailleurs très nombreuses est également un important canal de mobilisation des fonds.