Le Mali se lance dans la fabrication et la commercialisation des ordinateurs portables et tablettes. Bamako va abriter dès septembre 2022, une usine qui permettra au pays et à la sous-région de réduire sa fracture numérique. Le projet est porté par l’entreprise Danew Talla Electronics, formé par la société française Danew et la compagnie Talla télécommunication. Le coût minimum d’acquisition de ces appareils s’élève à 65 000 F, soit 105 Dollars, pour une capacité de production 600 000 appareils par ans.
Après le Burkina Faso, le Mali se lance dans la production d’ordinateur portable et tablette de type notebook. L’usine d’assemblage qui verra le jour en septembre 2022 est l’initiative de deux entreprises qui ont décidé de mutualiser leur ressource. Danew Talla Electronics est une entreprise de droit malien composé d’une société française et d’une compagnie de télécommunication malienne.
Etat des lieux de l’environnement numérique
Ce projet permettra au pays d’améliorer sa connectivité et réduire ainsi la fracture numérique. Le pays a amorcé son immersion dans le numérique au début des années 1996 et selon la banque mondiale, le taux de couverture internet à cette époque était de 0,00205523%. En 2020, ce taux a été porté à 27.40% selon la même source. La figure ci-dessous présente l’évolution de la couverture numérique entre 2015 et 2020.
Au même moment que progresse l’utilisation d’internet progresse, celle des technologies mobiles n’est pas en reste. Selon la GSMA, le mobile a contribué à 7.1% du PIB dans l’Afrique subsaharienne, avec un taux de souscription aux services mobiles de 44% dont le tiers représente l’acquisition de smartphone. En 2019, le Mali compte 17.71 millions de souscriptions au service mobile, soit 91%, contre 128% en côte d’ivoire et 101% au Sénégal.
La construction d’une usine de production d’ordinateurs et tablettes est bénéfique pour le pays
Le pays dispose d’un potentiel bien que latent qui lui permettra de se positionner sur le marché sous régional. Les retombées de ce projet seront une grande valeur ajoutée pour l’économie du pays qui subit de plein fouet les effets de la crise entre l’Ukraine et la Russie. Les recettes issues de l’activité de commercialisation vont accroître le revenu fiscal du gouvernement.
Par ailleurs, le projet va favoriser l’emploi et la formation de plusieurs jeunes maliens. En effet, au cours d’un entretien avec le premier ministre Choguel Maïga, les responsables de la société de Danew Talla Electronics font étalage de ce qu’elle pourra recruter entre 200 et 1000 jeunes et parallèlement, en former 1000 autres pendant deux mois en maintenance des ordinateurs.
Au-delà de tout ce qui a déjà été mentionné, il s’agit également pour le Mali de porter aux standards internationaux la qualité de sa main d’œuvre et de ses infrastructures. Les ordinateurs et tablettes pourront être acquises par les écoles, lycées, collège et université afin d’immerger les apprenants dans l’univers des technologies.
Le gouvernement malien devrait activement soutenir cette initiative
La libre circulation opérationnelle dans la zone est une aubaine pour Danew Talla Electronics, car le marché est vaste. Toutefois, des actions doivent être menées par le gouvernement afin de promouvoir la consommation locale en matière de technologie, au risque de se faire absorber par la concurrence.
En effet, le gouvernement peut promouvoir le made in Mali en fournissant ordinateurs et tablettes dans les ministères et autres organismes publics. Il peut également renforcer la capacité de production de l’usine afin que ces produits puissent être aussi accessibles qu’un smartphone.
Le challenge de Danew Talla Electronics est grand
L’usine de son côté devra se rassurer de fournir un produit de qualité tant sur le plan du fonds que de la forme. Le marché de la téléphonie mobile est très innovant et les consommateurs de plus en plus exigeants. Qu’il s’agisse du design ou encore de la convivialité, les ordinateurs et tablettes mises à disposition doivent satisfaire l’utilisateur. On ne saurait uniquement compter sur le patriotisme pour faire prospérer une entreprise, la marque camerounaise X-net phone en a payé les frais.
En outre, Danew Talla Electronics pourrait en collaboration avec des entreprises locales développer un système d’exploitation unique, afin de marquer l’empreinte de l’Afrique dans l’industrie. En effet, cette collaboration pourrait prendre en compte les langues locales et mettre avant les applications locales.
A l’aune de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continental, ce projet plante les jalons d’une Afrique qui tend vers l’autonomie numérique. La récente crise à encore montré que l’interdépendance jusqu’à un certain seuil peut s’avérer nocive pour le développement d’un pays. Le président Rwandais exprimait sa stupeur face au fait qu’un seul pays à savoir l’Ukraine nourrit tout un continent.
Au-delà des produits mis à disposition cette initiative est un tremplin pour les e-entrepreneurs et les projets nationaux de digitalisation. Dans un contexte national marqué par les instabilités, cette césure permet de bâtir un Mali prospère. Cependant, quelques points retiennent l’attention notamment le partenariat avec l’entreprise française. Lorsque l’on observe la qualité des relations militaires entre les deux pays, ce partenariat suscite des interrogations.