Cela fait maintenant plus d’une semaine que le gouvernement provincial du Haut-Katanga a lancé un ultimatum aux militaires et policiers vivant dans les carrières minières artisanales, leur ordonnant de quitter les lieux. Alors que les concernés ne semblent pas tenir compte de cette demande, plusieurs organisations de la société civile de Lubumbashi, ont décidé de hausser le ton.
Malgré l’ultimatum des autorités, militaires et policiers congolais continuent d’occuper les zones minières. Entre terreur et désordre, les populations sont obligées de payer une taxe à leurs bourreaux.
Le ras-le-bol de la société civile
Après l’intervention du gouvernement provincial, les militaires bénéficiaient exactement de 48 heures pour libérer les carrières minières. Seulement, une dizaine de jours plus tard, force est de constater qu’il n’en est rien. En plus de vivre dans la peur, les mineurs artisanaux des sites de Shamitumba, Sage et Kateketa, des villages non loin de Lubumbashi, sont désormais tenus de leur verser une taxe avant de commencer leurs activités.
Face à cette situation, plusieurs organisations de la société civile ont exigé aux autorités d’appliquer une mesure gouvernementale.
À Lubumbashi, mais pas uniquement
Le directeur de l’ONG Afrewatch basée à Lubumbashi, Emmanuel Umpula explique que si l’armée se trouve dans ces mines, c’est uniquement dans le but d’avoir sa part de gain provenant des activités minières artisanales. Mais, d’après lui, les militaires ne sont pas les seuls à s’y être installés avec cet objectif.
A Lualaba, une province voisine de Lubumbashi, les populations subissent le même sort. Des révélations ont été faites par le porte-parole de la société civile Kolwezi, et selon ses propos, tout porte à croire que s’ils agissent en toute impunité, c’est parce que les militaires bénéficient d’un certain soutien officieux.
En effet, Maître Chadrac Mukad a dévoilé que la présence de l’armée dans les carrières artisanales est justifiée par leur mission prétexte d’assurer la protection et la garde des membres de la famille présidentielle ou des Chinois et Libanais. Se servant de leur uniforme qui leur permet d’intimider les populations congolaises de ces régions, ils en profitent pour leur arracher leurs terres et autres concessions.
Maintenant que la société civile a décidé de passer à l’étape supérieure, les langues se délient. C’est ainsi qu’un haut gradé de l’armée a exprimé de façon anonyme, sa surprise quant aux accusations du gouvernement provincial qui ne visent que les militaires alors que plusieurs ministres seraient propriétaires des carrés miniers et des centres de négoce de minerais dans le Haut-Katanga et dans le Lualaba.
Pour l’instant, aucune sortie officielle n’a été faite et les militaires continuent à mener leurs activités illicites au vu et au su des populations, victimes et impuissantes.