A Madagascar, les producteurs de vanille ont du mal à écouler leur stock de vanille verte. La campagne de commercialisation qui a débuté le 07 juillet 2022 dans la Sava, ne voit que la participation très timide d’acheteurs, collecteurs et exportateurs. Les planteurs déplorent cette situation, invitant l’État à prendre des mesures nécessaires à l’amélioration du marché, en commençant par la révision du prix au kilo fixé à 75 000 ariary, tandis que sur le marché noir, la vanille verte s’échange entre 30 000 et 35 000 ariary. Les reformes structurelles de la filière déjà mal accueillies par les acteurs locaux ne portent pas encore ses fruits jusqu’ici.
Le prix minimum de la vanille verte fixé par le gouvernement est de 75 000 ariary le kilo, soit environ 11 250 FCFA. Si ce prix apparait comme juste au vu du travail que fournit les producteur, les acheteurs et exportateur le trouve élevé, ce qui freine les transactions entre les différentes parties, qui préfèrent échanger sur le marché noir où les tarifs sont plus abordables : « Personne n’achète la vanille ici, sauf dans les marchés noirs où des paysans vendent leurs produits à 30 000 ou 35 000 ariary le kilo, ce qui n’est pas du tout rentable « , décrit un planteur d’une localité du district de Sambava.
Le marché noir a réussi à ralentir les transactions lesquelles avaient pourtant bien débuté à l’ouverture de la campagne. » À l’ouverture de la campagne, il y a eu des acheteurs au prix proposé par l’État. Ça se passait bien. Mais maintenant, c’est vraiment coincé » déclare Jean Bosco Tombozara, président d’une association de planteurs vanille de la Sava. Les marchés sont vides et les paysans ne savent plus quoi faire de toute la production de vanille verte en stock.
Les agriculteurs demandent une révision du prix au kilo de la vanille verte.
Pour exprimer leur mécontentement et forcer la main au gouvernement, des paysans ont bloqué des routes la semaine dernière, réclamant la levée du prix minimum fixé par le gouvernement malgache. Cette doléance si elle est prise en compte permettra aux planteurs de négocier les tarifs eux mêmes avec les collecteurs et les exportateurs. Loin de mépriser l’effort du gouvernement en termes de valorisation de leur travail, les producteurs sont dans l’urgence et souhaite écouler leur production pour faire face au contexte inflationniste.
» Les paysans aimeraient vendre à 75 000 ariary le kilo, mais ils ont aussi besoin de vendre leur vanille rapidement pour pouvoir subvenir à leurs besoins, surtout dans ce contexte d’inflation et d’augmentation des prix du carburant. Il y a aussi des problèmes d’insécurité et de vols de vanille. Donc, rester avec des stocks n’est pas rassurant « , poursuit le représentant des planteurs.
L’attitude des agriculteurs semble impatiente au vu de la courte période écoulée entre l’ouverture de la campagne et ce jour. Ceci se justifie par le fait que, la plupart mettent à disposition une partie de leur production verte pour se constituer une bourse leur permettant de vivre décemment au quotidien, le temps de mieux préparer l’autre partie de la production pour la revendre à un meilleur prix.
» Le fait de ne pas pouvoir vendre de vanille verte crée beaucoup de problèmes. Il y a des paysans qui ont du mal à acheter de quoi manger et la pluie en ce moment n’arrange pas les choses parce que ça ne nous permet pas de préparer notre vanille « , témoigne Arsinode Ravista, planteur d’Amboangibe Sambava.
Les producteurs malgaches craignent que le prix de la vanille préparée soit aussi élevé que celui de la vanille verte.
Le prix auquel sera écoulé la seconde partie de leur production à savoir la vanille préparée n’a pas encore été fixé par le gouvernement. Cette incertitude est une source d’inquiétude voire de stress pour les producteurs déjà mal en point du fait du prix de la vanille verte.
Si le prix minimum au vert ne facilite pas les échanges sur le marché, les planteurs craignent qu’il en soit de même pour la vanille préparée, ce qui va complètement paralyser le marché. » Si les collecteurs achètent notre vanille verte 75 000 ariary, ils ne savent pas encore à combien ils vont la vendre après, ce qui leur pose problème. Cinq kilos de vanille verte donnent un kilo de vanille préparée « , indique Jean Bosco Tombozara.
Le gouvernement se prononce et semble être à l’écoute des plaintes émises par les agriculteurs.
Face à toutes ses plaintes et manifestations, le gouvernement n’avait nul autre choix que de sortir du mutisme afin de rassurer les producteurs de cette épice qui participe à la croissance de l’île. A la question concernant le prix au kilo de la vanille verte, Lidorice Fahandriana Bemananjary, directeur régional de l’industrialisation, du commerce et de la consommation de la Sava indique que : « L’État est intervenu pour rassurer les exportateurs. Nous avons déjà trouvé des solutions et le problème est résolu « . Il indique également que les inquiétudes liées à la tarification au kilo de la vanille préparée a été enregistrée par l’État.
Par ailleurs le gouvernement a également rassuré les différents acteurs quant à la question des licence d’exportation en mentionnant que la réception des demandes d’agrément est ouverte depuis le 15 juillet 2022. Les agriculteurs et tous les autres acteurs de cette filière espèrent en une suite meilleure.
Les reformes qui avaient été effectuées dans la filière vanille étaient taxées de lobbyistes car, elles ne servaient les intérêts que du poignée de personnes. Quelques temps après, la situation sur le marché semble mauvaise et le gouvernement peine à mettre en œuvre des mesures concrètes avec effet palpable. La question qui taraude l’esprit est celle de savoir si les différents lobbyings font face aux mêmes difficultés que les planteurs.
Les producteurs malgaches ont jusqu’ici mis cette interrogation de côté pour se focaliser sur les difficultés du moment, ce qui ne fera pas long feu, si dans des délais proches, la situation ne s’améliore pas au sein du marché de la vanille. Car, ces derniers sont pressés de toute part par la cherté de la vie et la hausse des prix du carburant.
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