Le retour d’un héros ! Entre cris, hurlements de joie et mains levées en V de victoire, le Premier ministre par intérim du Mali a été accueilli en véritable héros à son arrivée à Bamako, après son séjour à New-York à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ONU. De toute évidence, le peuple malien était fier de son discours aux allures de règlements de comptes.
Abdoulaye Maïga est arrivé à Bamako le mardi 27 septembre dernier et a été accueilli en grandes pompes par plusieurs regroupements de la société civile, de nombreux maliens et plusieurs membres du gouvernement, des ministres, présidents d’institutions républicaines et membres du cabinet de la primature.
Maïga, le héros national
À New-York, Maïga n’y est pas allé de mains mortes et a ouvertement critiqué l’ONU et son secrétaire général Antonio Guterres, le 24 septembre dernier lors de la lecture de son discours de 18 pages.
Il aura fallu 35 minutes au premier ministre malien pour exprimer le fond de la pensée du peuple malien devant la tribune de l’ONU. En effet, Maïga a réitéré la volonté du Mali de ne pas occuper le rang de spectateurs face aux multiples assauts qu’il subit. « Pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité, pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité. » A-t-il déclaré avant de s’attaquer à la sortie médiatique de Guterres concernant la situation des militaires ivoiriens détenus à Bamako.
Depuis la demande d’échange entre personnalités maliennes en exil en Côte d’Ivoire contre les 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali, Abidjan a demandé à l’ONU d’intervenir en sa faveur, une décision que Bamako a critiqué et fustigé, rappelant au passage qu’il s’agissait d’un conflit bilatérale et judiciaire dans lequel l’ONU n’avait aucune habilité à s’ingérer.
Maïga a également critiqué Umaro Sissoco Embalo de la CEDEAO. Il a accusé le bissau-guinéen de « mimer » les Nations Unies. Évoquant le retrait des militaires français de la force Barkhane du Mali, qu’il a qualifié de « coup de poignard dans le dos de la part des autorités françaises » qu’il a aussi traitées de « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde ».
Enfin, il s’en est pris à Mohamed Bazoum, le président nigérien qu’il a accusé de ne pas être nigérien et à Alassane Ouattara dont il a critiqué la volonté de modifier la Constitution pour obtenir un troisième mandat et étendre sa durée au pouvoir pour servir les intérêts de son clan et les siens.
Seulement, le premier ministre malien n’a pas eu que des mots durs. Lorsqu’il a parlé de la Russie, Maïga n’a prononcé que des éloges, saluant » les relations de coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie » .
Le héros national est arrivé à Bamako sous un soleil brûlant. Il a remercié Allah (Dieu) ainsi que son président Assimi Goïta et l’ensemble du peuple malien pour l’accueil chaleureux et les ovations. Maïga s’est dit honoré et fier en tant qu’exécutant, d’avoir mené à bien sa mission.
Pour lui, les autorités maliennes ont effectivement besoin de tous ces encouragements, cet accompagnement, de la bénédiction et des prières du peuple malien tout entier sans qui, il leur sera difficile voire impossible, de relever les défis auxquels ils sont confrontés.