Le nord du Mali est de nouveau victime d’une escalade de la violence. Au moins vingt civils ont été tués, dimanche 19 juin, par des hommes armés près de Gao et un casque bleu du contingent guinéen de la Minusma est mort dimanche dans l’explosion d’une mine à Kidal, dans le nord du pays sahélien.
Un responsable de la police de la région sous couvert d’anonymat a assuré par téléphone à l’Agence France-Presse (AFP) que « des terroristes criminels ont assassiné samedi au moins 20 civils dans plusieurs hameaux de la commune d’Anchawadj », à quelques dizaines de kilomètres au nord de Gao. Par ailleurs, un autre responsable policier à Bamako, également sous couvert de l’anonymat, a confirmé à l’AFP « l’assassinat samedi d’une vingtaine de civils à Ebak à 35 km au nord de Gao, et dans des localités voisines », évoquant « un acte perpétré par des criminels armés ». Pour affirmer ces déclarations, une autorité locale a déclaré à l’AFP que, « les djihadistes ont assassiné samedi 24 civils dans la commune de Anchawadj. C’est la panique générale ».
Les djihadistes, sont-ils responsables de ces attaques ?
En effet, les attaques des djihadistes affiliées au groupe État islamique au grand Sahara (EIGS) sont de plus en plus fréquentes dans cette région du Sahel et leur champ d’action s’élargit. Toutefois, le peu d’informations provenant de cette zone retirée et presque inaccessible, font état de centaines de civils tués et de milliers de déplacés ces derniers mois dans les régions de Ménaka, près de la frontière avec le Niger, et de Gao plus à l’ouest.
A part ces déclarations faites par ces deux responsables de polices sous couvert anonymat et par une autorité locale, aucune autre source n’a confirmé que les auteurs de attaques sont les djihadistes. Néanmoins, le mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), un des groupes luttant contre les djihadistes, a assuré Mercredi, que 22 personnes avaient été tuées par « des hommes armés » dans la localité d’Izingaz, dans la région de Ménaka. Cette information n’a pas été confirmé ou infirmé par une autre source.
Un casque bleu tué à Kidal, le 175e depuis 2013
Des militaires maliens, des casques bleus de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma, 13 000 soldats) ainsi que des soldats français de l’opération « Barkhane » sont basés à Gao. Ces derniers, qui ont entamé un retrait progressif du Mali au début de l’année, doivent définitivement quitter la base de Gao, dernière enclave où ils sont encore présents au Mali, « à la fin de l’été », selon l’état-major français.
Dimanche dans la matinée, un casque bleu guinéen a été tué dans l’explosion d’une mine à Kidal, plus au nord, alors qu’il participait à une patrouille de sécurité dans une opération de recherche et de détection de mines, selon la Minusma. Ce nouveau décès intervient dans un contexte tendu de négociations sur le renouvellement du mandat de la mission onusienne de maintien de la paix, celle ayant subi le plus de pertes humaines. Depuis sa création, en 2013, 175 de ses casques bleus sont morts dans des actes hostiles.
« Terrible nouvelle qui vient allonger la longue liste de nos collègues ayant perdu la vie dans le cours de leur service au Mali », a déclaré le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane sur son compte Twitter.
Il faut noter que les engins explosifs improvisés (EEI) sont l’une des armes par excellence utilisée par les jihadistes contre la Minusma et l’armée malienne. Ils tuent aussi régulièrement de nombreux civils.
La situation sécuritaire « fortement détériorée », selon l’ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « fermement » condamné ces attaques, dans un communiqué. Il rappelle par ailleurs que, « les attaques visant les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international et que leurs auteurs sont passibles de poursuites ».
Dans son dernier rapport le Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que la situation sécuritaire s’est récemment « fortement détériorée » dans la région de Gao, et de Ménaka. La « menace terroriste continue de (s’y) étendre », a-t-il déploré en s’inquiétant de « l’absence d’une présence soutenue des forces de sécurité et de l’administration publique dans ces zones ».
L’élu de la région de Gao a décrit dimanche à l’AFP « une situation très préoccupante dans la commune d’Anchawadj » avec de nombreux civils qui se réfugient dans les villages voisins afin de fuir les exactions « des jihadistes ». Car « Une bonne partie de la région de Gao et de celle de Ménaka », sont « occupées par des jihadistes », a-t-il poursuivi.
« L’Etat doit faire quelque chose » déclara-t-il.