Le sommet des Nations Unies en cours à New-York, a vu passer les interventions de plusieurs autorités gouvernementales du monde, notamment des chefs d’état africains. Parmi eux, le colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali, qui a profité de cette occasion pour s’exprimer sans reserve au sujet des récents événements.
En effet, le moins que l’on puisse dire c’est que Abdoulaye Maïga a laissé une forte impression sur les autres personnalités présentes lors de sa prise de parole.
Règlement de comptes
Plus qu’un discours, la prise de parole du Premier ministre malien avait plus des airs de règlement de compte avec le gouvernement français, plusieurs responsables africains, sans oublier le secrétaire général de l’ONU. Même si ses mots ont fait sourire la tribune de l’ONU, il faut savoir qu’il n’y est pas allé de mains mortes.
Maïga s’en est violemment pris au gouvernement français, allant jusqu’à le qualifier de « junte ». Il faisait référence au retrait des militaires français de la Force Barkhane au Mali qu’il a qualifié de « coup de poignard dans le dos par les autorités françaises ». Selon lui, cet acte était une preuve que la France reniait les valeurs mondiales universelles tout en trahissant le lourd héritage humaniste des philosophes de lumière, pour servir l’obscurantisme.
Affaire des soldats ivoiriens
S’agissant des soldats ivoiriens détenus à Bamako, le secrétaire général de l’ONU s’est exprimé quelques jours avant ce sommet pour les chaînes RFI et France24.
D’abord 49, avant de passer à 46 suite à la libération de 3 d’entre eux, ces soldats ivoiriens étaient accusés par le Mali d’être des mercenaires venus semer le trouble dans le pays en pleine transition politique. Interviewé par les deux chaînes d’information, Guterres a contredit ces raisons maliennes.
Une sortie qui n’a pas du tout été appréciée par le Mali. Maïga n’a pas manqué de le faire savoir. Il a rappelé que cette affaire était « bilatérale et judiciaire » et donc, qu’elle ne relevait pas des attributions du secrétaire général des Nations unies, malgré l’appel à l’aide lancé par la Côte d’Ivoire.
La Minusma et les dirigeants africains
Depuis près de 10 ans qu’elle a été établie, la Minusma n’a toujours pas atteint les objectifs qui justifient sa présence au Mali, malgré les nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité.
Durant son discours, Maïga a réitéré la demande du gouvernement malien d’une réforme de la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali, en cours de revue par l’ONU, afin de s’adapter à l’environnement dans lequel elle est déployée. Maïga a dénoncé « les influences extérieures négatives et les tentatives d’instrumentalisation de certaines entités légalement présentes au Mali, pour servir des agendas cachés aux fins de déstabilisation ». En effet, des centaines de Casques bleus togolais participent à la Force onusienne au Mali depuis sa création.
Mais Maïga ne s’est pas uniquement attaqué à la France et Guterres. Il s’en est également pris au président Mohamed Bazoum qu’il a accusé de ne pas être nigérien et à Alassane Ouattara qu’il a accusé de changer la Constitution afin d’obtenir un troisième mandat et de conserver le pouvoir pour son clan et lui.
Malgré que son discours ait été essentiellement tenu par des critiques violentes, il a cependant salué les « relations de coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie ». Pour rappel, les militaires ont pris la tête du pays après deux coups d’état successifs et ont décidé de rompre les liens avec l’ancien colon français au profit de la Russie, en vue de diversifier ses partenaires.