La justice marocaine a condamné 33 migrants originaires d’Afrique subsaharienne à 11 mois de prison ferme pour les chefs d’accusation ci-après: «entrée illégale au Maroc», «violence contre agents de la force publique», «attroupement armé» et «refus d’obtempérer». Cette décision de justice est jugée sévère par l’association marocaine des droits de l’Homme de Nador et Me Khalid Ameza. Rappelons que le drame a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, 37 d’après des organisations de défense des droits de l’Homme, le sort des autres n’étant pas encore connu.
Me Khalid Ameza, l’avocat qui s’occupait de la partie des migrants n’a pas pu obtenir gain de cause auprès de la justice marocaine: «Le tribunal de première instance de Nador a condamné, aujourd’hui, l’ensemble des migrants à onze mois de prison ferme chacun». L’avocat n’a pas bien accueilli cette sentence: «c’est un jugement très sévère au regard des éléments du dossier et des circonstances des faits». Il a toutefois indiqué qu’il fera appel de ce jugement rendu par la justice marocaine, ce mardi 19 juillet 2022. De son côté, l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) de Nador dit espérer que «la Cour d’appel rectifiera ce jugement sévère».
Le nombre total de migrants interpellé par la justice est de 62. Si 33 d’entre eux sont déjà situés quant à leur sort, les 29 autres attendent leur procès qui a été ajourné au 27 juillet prochain, car la charge contre ce groupe de migrants semble plus lourde. Outre les charges retenues contre le premier groupe, à savoir «entrée illégale au Maroc», «violence contre agents de la force publique», «attroupement armé» et «refus d’obtempérer», ces autres sont poursuivis pour «participation à une bande criminelle en vue d’organiser et faciliter l’immigration clandestine à l’étranger».
Une sentence inattendue au vu de la cruauté des images qui circulaient dans les médias.
Les images choquantes qui ont circulé sur les réseaux sociaux ne laissaient point attendre ce dénouement. Ces images qui mettaient à nu et de façon explicite les violences physiques affligées aux migrants ont réussi a choqué un plus grand nombre. La plupart des personnes ayant suivi cette affaire attendait avec impatience une suite, mais celle ci n’était pas prédictible.
Alors que les migrants sont inculpés, la question est de savoir quelle est la responsabilité du Maroc dans la mort des autres victimes. Les traitements et propos racistes recueillis sur le site témoignent à plusieurs égards de la violation des droits de l’Homme à laquelle les migrants ont été exposés. Loin d’encourager l’immigration clandestine, il est question de rendre justice et de repartir de manière équitable les responsabilités.
Des chefs d’accusations qui pèsent sur ces migrants clandestins, il y’ en a qui choque davantage «violence contre agents de la force publique» et «attroupement armé». L’Afrique ne saurait être le réceptacle des conflits de cette nature perpétré par les siens. Une fois de plus loin d’encourager la clandestinité, il est question ici de traiter les migrants comme des personnes et non comme du bétail.
En attendant le procès du 27 juillet 2022 et en espérant que le recours à l’appel soit favorable, les ONG et autres organismes qui militent pour le droit des migrants et les droits de l’Homme sont interpellés. Les différents États dont les ressortissants sont inculpés devront également prendre des mesures afin d’assurer à ces derniers un traitement adéquat.