La mort de plusieurs dizaines de migrants à Melilla, met les autorités marocaines dans une très mauvaise posture. Entre la demande d’une enquête par l’Union Africaine, les accusations algériennes et de la classe politique espagnole, et maintenant les organismes de défense des Droits de l’homme qui haussent le ton, le pays est dans la tourmente.
La mort des quelques 37 migrants lors de la tentative de prise d’assaut de Melilla, est un drame dont l’horreur fait encore parler et que le monde, qui n’a pas hésité à manifester son indignation, ne semble pas prêt à oublier. Pour rappel, vendredi dernier, ce sont plus de 2 000 migrants qui ont tenté de forcer la frontière qui sépare le Maroc de l’Espagne. Parmi eux, environ 133 auraient réussi à franchir la frontière et rallier le territoire espagnol, tandis qu’un grand nombre aurait péri. L’on compte également des centaines de blessés, entre migrants et forces de sécurité, à déplorer.
Le Maroc accusé de toutes parts
Si jusqu’à présent, l’on s’interroge encore sur la façon dont ces 2 000 migrants se sont retrouvés à Melilla dans l’ignorance totale des autorités marocaines, Alger attaque son voisin de plein pied qu’il accuse directement. L’envoyé spécial chargé de la question du Sahara Occidental et des pays du Maghreb au ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Behani, dénonce que « ces événements tragiques mettent en relief la violation systématique des droits humains de la part d’un État ». Le diplomate accuse également le Maroc « d’instrumentaliser l’épouvantail de la submersion migratoire à des fins de chantage politique ».
Pendant ce temps en Espagne, Podemos le part politique de gauche, en faisant allusion aux accords conclus entre Rabat et Madrid, estime que « ce drame est la suite logique des accords migratoires avec des gouvernements qui violent systématiquement les droits de l’Homme ». Podemos rappelle par ailleurs que « l’utilisation des droits de l’Homme et des personnes ne peut être autorisée ni comme monnaie d’échange ni comme mesure de pression et de coercition ». À cet effet, le porte-parole d’Unidas Podemos au Congrès, Pablo Echenique pense qu’il est temps pour l’Espagne de repenser « une politique d’externalisation des frontières et de chantage du Maroc qui génère tant de violence et de souffrance ».
Plusieurs demandes d’enquête
Le drame de Melilla n’a pas tardé à faire réagir les instances en charge des droits de l’homme, qui ont rapidement exigé des ouvertures d’enquête afin que toute lumière autour de l’affaire soit mise. L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) section Nador a ouvert le bal en réclamant l’ouverture d’une « enquête sérieuse pour déterminer les circonstances de ce bilan très lourd ». L’association a aussi dénoncé « les politiques migratoires » en déclarant qu’elles sont mortelles, au même titre que les frontières et des barrières qui tuent. Après cela, c’était au tour d’autres organisations humanitaires marocaines et espagnoles des droits de l’Homme de manifester leur indignation. Après s’être insurgées contre la volonté de Rabat d’enterrer les corps des migrants dans la localité du drame, au cimetière de Nador, elles ont demandé aux autorités marocaines non seulement d’identifier les corps des victimes, mais aussi de les restituer à leurs familles.
L’Union Africaine, n’était pas en reste. La commission a dénoncé « le traitement violent et dégradant de migrants africains », lors de l’assaut à la frontière espagnole de Melilla. Dimanche soir, Moussa Faki est passé par le réseau social Twitter pour exprimer sa profonde émotion et son inquiétude face au « traitement violent et dégradant de migrants africains cherchant à traverser une frontière internationale entre le Maroc et l’Espagne ».
Toutes ces sorties de la part de différentes autorités et organisations internationales mettent davantage le Maroc dans une position inconfortable. Surtout que le pays est déjà accusé de négligence après que 2 000 personnes ont pu planifier un tel mouvement de masse dans le pays sans que les services de renseignement n’en soient informés.