Vendredi, le parlement nigérien a autorisé la présence de forces étrangères (Barkhane et Takuba) sur son territoire à l’issue d’un vote.
Après plusieurs heures de débats, les députés ont voté à main levée, 131 pour le texte, 31 contre. Le président de l’Assemblée nationale, Seïni Oumarou, à l’issu du vote a déclaré, « Le vote se faisant à la majorité absolue des membres de l’assemblée nationale soit 84 voix, le texte (…) est adopté »
Le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, quant à lui a assuré que, « Nouer de nouveaux partenariats ne remet nullement en cause notre souveraineté sur le territoire national », pour contrer les critiques de certaines ONG au sujet du déploiement de forces étrangères, des critiques qui sont plus que justifiées quand on voit comment se termine la majorité des collaborations avec les armées étrangères.
En effet, le Niger bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis, qui ont des bases militaires à Niamey et dans la région d’Agadez (nord), dans le cadre de la lutte antiterroriste et aux mouvements jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI).
Le Niger « est quasiment encerclé par les groupes armés terroristes », a rappelé le chef du gouvernement. Il a également évoqué le retrait en cours de la force antijihadiste française Barkhane et européenne Takuba au Mali, estimant qu’elle « constitue un facteur important d’aggravation de la situation sécuritaire » le long des 800 km de frontière entre le Niger et le Mali.
« On ne peut pas reprocher à la force Barkhane de n’avoir pas accompli la misison de lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Les résultats extrêmement importants des opérations de Barkhane ont permis d’avoir une accalmie relative dans la zone de Ouallam et Tillabéri » dans l’ouest nigérien, proche du Mali, a-t-il déclaré.
Selon lui, « de nouvelles implantations de forces spéciales étrangères seront créées plus près des théâtres d’opération (près du Mali) » dont « les règles d’engagement » feront l’objet « d’accords conformes aux dispositions constitutionnelles et légales de notre pays ».
Par ailleurs il ajoute que, « Dans ces accords, nous allons veiller à ne pas répéter les erreurs qui ont été commises avant. Barkhane a compris qu’elle ne peut pas opérer seule, il faut que les opérations sur le terrain soient conjointes ».
Toutefois, l’opposition a de son côté voté contre le texte. Un député de l’opposition Soumana Sanda affirme, « Nous ne pouvons pas donner un blanc-seing au gouvernement » car le texte voté comportait beaucoup de zones d’ombre. « Nous n’avons pas été autorisé à voir ce que contient les accords ou l’accord qui va nous lier » ajoute M. Sanda. L’influence des puissance sur le territoire Nigérien se fait de plus en plus grandissante et inquiète certains parlementaires. Et si l’accord est si insignifiant et ne pose aucun problème en terme de souveraineté pour les parlementaires ne sont-ils pas autorisés à avoir plus d’informations sur les clauses de l’accord?
Outre les forces spéciales étrangères de la France et des Etats-Unis déjà présentes, le Niger s’est déclaré prêt à en accueillir d’autres. Selon le chef du gouvernement, « malgré les efforts déployés » pour contenir la menace, « le bilan humain et économique est lourd« . En 2021, plus de 800 victimes en majorité civiles ont été dénombrées, et 758 écoles abritant 72.981 élèves étaient toujours fermées au 31 janvier 2022, a-t-il déclaré. Mais la lutte antiterroriste aussi dévastatrice soit-elle, justifie t-elle de laisser autant de place aux forces étrangères et quelles conséquences peuvent avoir ces incursions sur le long terme?