Le Roi Philippe et la Reine Mathilde de la Belgique sont attendus en République démocratique du Congo du mardi 7 au lundi 13 juin 2022. Il compte relancer le partenariat avec Kinshasa et poursuivre le travail de mémoire sur la période coloniale.
La visite était prévue depuis près de deux mais a été reportée à plusieurs reprises du fait de la crise sanitaire. La visite qui aura lieu dès le 7 juin est la première effectuée par un souverain Belge depuis le prince Albert II en 2010.
« Construire un avenir de fraternité entre les peuples congolais et belge »
C’est en tout ce que dit souhaiter le Roi des Belges. Si la visite du Roi Phillipe est tant attendue c’est surtout parce qu’il est le premier roi belge à reconnaitre publiquement l’horreur qu’a été la colonisation et des monstruosité commises à cette époque par les autorités belges.
En effet la RDC comme la quasi-totalité des pays d’Afrique a longtemps été sous domination coloniale. Notamment sous la domination de Léopold II, le peuple congolais a subi de nombreuses années la brutalité sans nom et la violence sanglante des autorités coloniales. Une pratique connue et reflétant à elle seule la teneur du règne de feu Léopold II en belge pratique était celle qui demandait de couper une main de chaque indigène tué, afin de justifier l’usage de chaque balle des fusils de ses fonctionnaires, ou tout simplement de couper les mains à tous les indigènes « récalcitrants » refusant de s’acquitter de leurs tâches quotidiennes.
Sur l’échiquier des relations internationales, la Belgique est à l’époque un petit pays, avec très peu d’importance sur la scène internationale. Dans l’optique de remédier à cet état de fait le régime de Léopold II va se livrer à toutes sortes d’ignominies pour asseoir sa domination au Congo et en extraire le pus de richesse possible. Les rêves de grandeurs de Léopold II auront donc coûté la vie à des millions de congolais, et marqués à jamais l’histoire du pays.
C’est parfaitement conscient de cette réalité que le gouvernement du roi Philippe également par les mouvements contestataires de la communauté noire tels que le Black Lives Matters a mis en place une commission pour faire la lumière sur le passé colonial belge.
À l’œuvre depuis plus d’un an, les dix experts sélectionnés ont rendu, un rapport de 689 pages qui fera office de base de travail pour les parlementaires chargés du « traitement du passé colonial », qualifié comme une bombe qui finira d’ébranler les certitudes de ceux tentant de glorifier encore à ce jour la monstruosité qu’a été la colonisation.
La deuxième partie du rapport recommande des réparations : qualifier la colonisation de « crime », prononcer des excuses officielles et non de simples « regrets », indemniser financièrement les victimes ou encore restituer des milliers d’objets africains présents dans les musées belges.
Une histoire coloniale toujours vivement contestée
Malgré les efforts du gouvernement du roi Philippe pour éveiller les consciences face aux horreurs de la colonisation et particulièrement de Léopold II, celui est érigé encore à jour en héros dans le cœur de beaucoup de belges et continue à être farouchement défendu, apprécié et admirer.
Il faut tout de même avouer que les autorités Belges à travers leurs statues, leurs proses à la gloire de Léopold II, et leur négationnisme ont tout fait pour inculquer à la population un respect du souverain et occulter le fait qu’il s’agissait avant tout d’un meurtrier. La colonisation du Congo par la Belgique n’est quasiment jamais abordée dans l’enseignement scolaire dans le pays européen, et quand elle l’est, elle n’est jamais abordée de façon critique. Ce n’est qu’à la suite de contestations de plus en plus nombreuses que le gouvernement belge a commencé en vue d’apaiser les tensions à poser des actes prouvant qu’il reconnaissait le passé colonial et ferait de leur mieux le corriger.
La ministre de l’Éducation de la fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, a d’ailleurs exprimé le désir que « L’histoire du Congo, de sa colonisation et de son indépendance devienne un passage imposé dans l’enseignement, car elle est trop souvent ignorée des élèves et enseignée de façon indirecte sans forcément de lien avec la Belgique ».
Si tout est loin d’être réglé et que les plaies auront du mal à être pansées c’est malgré tout un début, un pas dans la bonne direction en espérant que les choses aillent bon train et que d’autres pays suivent l’exemple de la Belgique en ce sens.