Au moins vingt civils ont été tués dans un nouveau massacre par des rebelles appartenant au groupe des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Le tragique incident a eu lieu dimanche soir en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Cet évènement survient une dizaine de jours après un autre carnage près de la frontière ougandaise.
C’est sur le réseau social Twitter que nous avons appris la nouvelle ; « Au moins 20 civils ont été tués dans le village de Bwanasura (territoire d’Irumu, en Ituri) ce dimanche », a écrit le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), en précisant que « les ADF sont soupçonnés ». Le KST est un organisme qui dispose d’observateurs dans la zone.
Le président de la Croix-Rouge du territoire d’Irumu, David Beiza, a déclaré à l’AFP : « Nos volontaires sur le terrain et le président des jeunes ont compté 36 corps ». Puis, a ajouté que : « Ces rebelles ADF sont arrivés vers 20H00 (18H00 GMT). Heureusement que de nombreux habitants ont pu s’échapper ».
Interviewé par l’AFP, Dieudonné Malangay, le membre de la société civile de la chefferie de Walese Vonkutu où se trouve le village de Bwanasura, a déclaré : l’intervention de l’armée s’est produite en « retard, je suis en colère ». Il a également révélé que « des balles crépitent encore » dans la zone.
« Nous sommes actuellement sur le terrain. Nous sommes en train de nettoyer la zone et poursuivre l’ennemi », a déclaré pour sa part un officier des FARDC sous couvert d’anonymat.
Retour sur les lieux et les faits
Bwanasura est un village situé à 44 km de Komanda-centre, dans la chefferie de Walese Vonkutu, dans le territoire d’Irumu, à 119 km au sud de Bunia (Nord-Est).
L’accusé n’est autre que le groupe ADF. Il s’agit d’un groupe qui a été présenté par l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale (ISCAP en anglais). Il est accusé d’être responsable de massacres de milliers de civils dans l’Est congolais et d’avoir commis des attentats en Ouganda.
Plus tôt en mars 2021, ce groupe, d’origine ougandaise, avait déjà été classé par les États-Unis parmi les « groupes terroristes » affiliés aux jihadistes de l’EI.
Les ADF étendent leur périmètre d’attaques
Il faut remonter jusqu’en fin mai pour retracer les derniers massacres d’envergure attribués aux rebelles des ADF dans l’Est de la RDC. Ces massacres ont enregistré la mort d’au moins 16 personnes à Bulongo. L’annonce du 30 mai a été faite après qu’un autre massacre d’au moins 27 personnes soit survenu le 28 mai dans le village de Beu-Manyama, dans la région voisine de Beni (Nord-Kivu).
En Ituri, plus précisément dans les régions de Beni et d’Irumu, les armées congolaise et ougandaise ont depuis fin novembre, lancé des opérations conjointes contre les ADF. Malheureusement, il semblerait que cette coalition ne soit pas au bout de ses peines car le périmètre des attaques des ADF s’étend désormais de la frontière ougandaise jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des frontières congolaises.
Alors qu’elles sont arrivées à leur terme le 31 mai, les opérations militaires conjointes ont été reconduites pour deux mois supplémentaires par Kinshasa et Kampala.
Tout comme le Nord-Kivu, l’Ituri est placé depuis un an sous état de siège. Même si cette mesure exceptionnelle a donné plein pouvoir aux militaires, elle n’a cependant pas permis, du moins pas jusqu’à présent de mettre fin aux violences.
Dans un communiqué publié lundi soir, l’armée a annoncé la mort de deux soldats survenus durant des combats contre des rebelles du « Mouvement du 23 mars » (M23). Selon des accusations portées dimanche à Brazzaville par le président Félix Tshisekedi, ces rebelles bénéficient du soutien de l’armée rwandaise.
Quel avenir pour le Congo ?
Le Congo est le siège de plusieurs massacres et de guerres depuis de nombreuses années. Doté d’un sol très riche, il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il soit très convoité. Seulement, de tels événements ne sauraient plus être tolérés. Après autant d’années, nous ne pouvons plus compter le nombre de morts, de blessés et autres victimes de ces guerres. Entre les guerres civiles et depuis peu, ce conflit avec le Rwanda, nous nous demandons si un jour viendra où les Congolais seront enfin libres et pourront eux aussi bénéficier des avantages de leurs terres.