Le conflit entre le Rwanda et la RDC fait encore couler de l’encre. Alors que les autorités rwandaises ont toujours nié les accusations congolaises qui les reliaient au groupe rebelle M23, l’histoire prend une nouvelle tournure avec cette sortie d’un groupe d’experts des Nations Unies. Les preuves apportées montrent que les troupes rwandaises ont attaqué des soldats à l’intérieur de la RD Congo et ont aidé le groupe rebelle M23 en lui fournissant des armes et du soutien.
Kigali a réfuté les accusations autant de fois que Kinshasa les a faites, et le groupe armé lui-même a maintenu qu’il ne recevait pas de soutien rwandais. Seulement aujourd’hui, tout est remis en question avec ce rapport des Nations Unies.
Le passé commun des deux pays
Afin de savoir quels différends relient les deux pays, il faut remonter jusqu’en 1994 durant le génocide rwandais, après qu’un grand nombre de Hutus rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsis, se soient déportés au Congo. Dès lors, les deux pays ont eu des relations tendues.
Quelques années plus tard en 2012, se formait le M23. Un groupe armé qui prétendait défendre les intérêts des Tutsis, le groupe ethnique du président Kagame, contre les milices Hutus.
Depuis sa formation, la RDC a subi un bon nombre d’attaques dans lesquelles le groupe de rebelles était impliqué, et leur relation étroite avec le président rwandais a nourri les suspicions de Kinshasa.
Le rapport d’experts de l’ONU
D’après un rapport rédigé par des experts du Conseil de sécurité de l’ONU, les troupes rwandaises, alliées au M23, ont attaqué une grande base de l’armée congolaise à Rumangabo, une zone dans l’est de la province du Nord-Kivu. Les faits se sont déroulés le 25 mai dernier, soit un jour après le passage des forces rwandaises en RDC.
Le rapport de 131 pages a également révélé que Kigali avait lancé des interventions militaires sur le sol congolais depuis au moins novembre 2021, en renforçant les troupes du M23 pour leurs opérations spécifiques qui visaient à s’emparer des villes et zones stratégiques congolaises.
Le groupe d’experts a déclaré que grâce à des images aériennes, il leur était possible de voir de grandes colonnes constituées de 500 hommes armés, qui se tenaient à proximité des frontières de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda et se déplaçaient de manière très organisée. Une preuve que le même rapport a confirmée, puisque d’après les estimations, un millier de soldats, vêtus de tenues militaires qui ressemblaient beaucoup aux uniformes de l’armée rwandaise, auraient attaqué des positions congolaises et coupé la principale autoroute menant à la capitale provinciale, Goma, un important centre commercial à la frontière rwandaise.
D’autres accusations
Le rapport de l’ONU semble avoir apporté à la RDC les preuves dont elle avait besoin pour tenir le Rwanda responsable de tous les agissements dont elle l’a accusé jusqu’ici, mais pas que.
Les experts ont constaté que l’armée congolaise soutenait les milices actives dans l’est du pays, affirmant qu’une coalition de groupes armés s’était formée en mai au su d’officiers congolais. Les dirigeants de plusieurs milices ont confirmé aux experts que l’armée congolaise leur a fourni des armes et des munitions « à plusieurs reprises ».
Les réactions des 2 camps
En début juin, Félix Tshisekedi affirmait sans l’ombre d’un doute que le Rwanda a soutenu le M23 pour venir agresser la RDC, tandis que de son côté, Paul Kagame dénonçait une coopération entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Pour le gouvernement congolais, ce rapport aux révélations explosives ne pouvait pas mieux tomber. Jeudi, Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement de la RDC, via Twitter, a salué le travail du groupe de l’ONU en écrivant que « La vérité finit toujours par triompher. » Et que le gouvernement congolais espérait que des conclusions seront tirées rapidement afin de mettre un terme à l’ingérence du Rwanda et ramener une paix durable.
Initialement vaincue en 2013, le M23, une ancienne rébellion à dominante Tutsi, a repris les armes en fin d’année dernière pour demander l’application d’un accord signé avec Kinshasa. Depuis mai, les actes de violence n’ont cessé d’avoir lieu et de se succéder, tuant des dizaines de personnes et déplaçant des dizaines de milliers de personnes. En juillet, le groupe de rebelles contrôlait de pans du territoire de Rutshuru.
Le retour des attaques du M23 a suscité des vives réactions de la part des populations congolaises, qui ont manifesté leur colère vis-à-vis de la Mission de maintien de la paix de l’ONU dans leur pays et dont elles exigent le départ, l’accusant de ne pas les protéger.