L’Ukraine a repris ses importations pour la première fois depuis l’invasion russe. Il s’agit de 26 000 tonnes de maïs qui ont quitté le port d’Odessa en direction du port de Tripoli au Liban, en passant par la Turquie. Cette première exportation depuis l’invasion russe constitue une lueur d’espoir pour l’ensemble des pays du monde mais particulièrement pour les pays africains sévèrement frappés par la crise alimentaire.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « chaleureusement » salué le départ du navire, exprimant l’espoir que la reprise des exportations ukrainiennes, permise par un accord international, « apportera la stabilité et l’aide indispensables à la sécurité alimentaire mondiale ».
L’accord entre la Russie et L’Ukraine portant sur l’exportation des céréales
En effet, la Russie et l’Ukraine ont signé un accord à Istanbul le 22 juillet 2022, via une médiation conduite par la Turquie et les Nations Unies. Cet accord permet l’exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales bloquées depuis l’invasion russe à Kiev.
En ce jour, la cargaison de 26 000 tonnes de céréales est attendue en Turquie. Le ministère Turc de la défense l’a annoncé il y’a un jour : « Razoni battant pavillon de la Sierra Leone a quitté le port d’Odessa (sud de l’Ukraine, sur la mer Noire) à destination du port de Tripoli au Liban. Il est attendu le 2 août à Istanbul »
Le succès de cette première opération représente les prémices d’une longue chaine, notamment de 16 bateaux qui à leur tour sont en attente relève la chef de la diplomatie Ukrainienne Dmytro Kouleba. Le port d’Odessa représentait avant la guerre 60% de l’activité portuaire du pays.
Des craintes sont émises quant à la durée de cette trêve
L’optimisme et l’enthousiasme que suscite cette action sont exprimés avec réserve par M. Zelensky, qui juge qu’« il est trop tôt pour en tirer des conclusions et faire des prévisions ». Il illustre ses craintes en indiquant : « attendons de voir comment l’accord fonctionnera et si la sécurité sera vraiment garantie » même si « c’est un premier signal positif que nous arriverons à stopper la crise alimentaire mondiale ».
Les inquiétudes de M Zelensky se traduisent également par le fait que deux parties sont impliquées dans l’accord et dispose chacune de de droits et devoirs. « Espérons que les accords seront appliqués par toutes les parties et que les mécanismes fonctionneront efficacement », a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
A cet effet, si la haine entretenue à l’égard de la Russie par le système en place réussissait à empêcher l’exercice de leur droit, l’accord tomberait à l’eau et des conséquences plus graves seront enregistrées. Car, malgré les sanctions occidentales, la Russie grâce à un accord similaire simultanément signé à Moscou lui permet d’exporter ses céréales et engrais.
L’apport mitigé de la reprise des exportations Ukrainiennes pour l’Afrique
Ces accords constituent une lueur d’espoir pour l’ensemble des pays africains touchés par la crise alimentaire du fait de ce conflit entre le Russie et l’Ukraine qui immobilise les ports. La reprise des exportations permettra à plusieurs de subvenir à leurs besoins nutritionnels mis en danger par le changement climatique, l’insécurité, la mauvaise gouvernance et exacerbés par la crise.
L’apport de la reprise des exportations ukrainiennes est mitigé au vu des problèmes structurels que traversent la plupart des économies africaines. Si l’embargo avait obligé les dirigeants africains à redoubler d’ingéniosité afin de nourrir l’Afrique à partir de l’Afrique, qu’adviendra-t-il des efforts embryonnaires qui étaient en train d’être mis en place.
Toutefois, il important de reconnaitre que la situation d’urgence qui se faisait ressentir dans plusieurs zones du continent avaient besoin de promptes mesures à laquelle répond la reprise des exportations. La situation de famine en Somalie et dans quelques zones du Nigeria pour ne citer que ceux-là trouvent à court terme leur solution dans la levée de l’embargo.
Cependant, pour une meilleure résilience agricole, les économies africaines devront dans une large mesure continuer l’implémentation de la culture des substituts aux céréales ukrainiens afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur, davantage investir dans la diversification du tissu économique, et encourager le développement technologique.