Les États-Unis par le biais de la chargée d’Affaires de l’ambassade Ellen Thorburn, ont interpellé le conseil militaire, junte militaire au pouvoir et assurant la transition depuis la mort du président Idriss Deby Itno en avril 2021. Elle leur a demandé d’honorer la promesse selon laquelle ils ne se présenteront pas aux élections post-transitions. Cet avis a été mal perçu par ces derniers qui accusent les États-Unis d’ingérence, tandis que l’opposition n’y voit aucun problème, aucune irrégularité.
Après la mort du président Tchadien Idriss Deby Itno, les membres de son parti ont pris la tête du gouvernement. Ces derniers se sont insurgés face aux propos de la chargée d’affaires. L’opposition en revanche n’a trouvé aucune faute ou manque de tact à ses allégations.
Lors de la fête nationale américaine ce 04 juillet, le parti au pouvoir a manifesté sa colère et l’impertinence de ces propos. Les États-Unis ne réitèrent que la promesse faite par le parti à endroit de tous lors de l’amorçage de la transition.
Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du gouvernement déclare : « je pense que les choses sont claires. Qu’on laisse le peuple tchadien qui s’apprête à aller à ce dialogue-là, discuter et décider des sujets d’intérêt national. Nous ne pouvons pas dignement accepter que des sujets d’intérêt national soient évoqués à l’occasion de la fête de l’indépendance d’un pays ami, à moins que le Tchad soit encore sous tutelle… »
Par ses mots, le gouvernement fait comprendre qu’au-delà des promesses ouvertement prononcées, il revient au peuple tchadien de définir les orientations politiques et les démarches à mettre en œuvre pour une nation stable et unie. Le parti au pouvoir présidé par le fils de l’ex-président accuse les États-Unis d’ingérence, point de vue que ne partage l’UDP.
Max Kemkoye, président du parti d’opposition UDP, déclare que le pouvoir a été acquis de façon non conventionnelle et estime que la diplomate américaine était bien dans son rôle : » Il ne s’agit absolument pas de parler d’ingérence dans les affaires intérieures d’un État. C’était un rappel au CMT vis-à-vis de leurs promesses par devant les parterres des ambassadeurs. Aujourd’hui, la démocratie fait partie des valeurs universellement défendues et, par voie de conséquence, la chargée d’Affaires est dans son rôle « . Max Kemkoye conclut que « le CMT doit être neutre, avant de tirer sa révérence, après les prochaines élections «
Les différents partis se situent aux antipodes idéologiques l’un de l’autre, pourtant souhaitent œuvrer pour un Tchad meilleur. Rappelons qu’en droit international, l’ingérence représente tout acte qui interfère avec la conduite des affaires intérieures de l’État, mais sans l’emploi de la force. Par exemple, si un État prend position en disant que la procédure électorale est sûrement frauduleuse, il y’a ingérence.
Les différents partis politiques africains devraient faire communs
Cette définition lave les États-Unis de l’accusation faite par le parti ou pouvoir et rejoint les propos de l’opposition. Toutefois, l’interpellation de la chargée d’Affaires de l’ambassade Ellen Thorburn semble incitatrice à l’insurrection. En effet, même si Washington n’a pas exprimé son point de vue, les sous-entendus de sa déclaration sont lourds de sens et la véhémence avec laquelle a réagi le gouvernement donne l’impression qu’on lui taillé l’herbe sous la botte.
La réaction de l’opposition qui semble juste n’est pas totalement à encourager dans la mesure où, face aux intérêts de l’État, il est question de faire front commun. Ce qui revient à dire que malgré l’expression de sa bonne foi, l’opposition devrait tout de même faire comprendre qu’il s’agit d’une décision qui sera prise par les Tchadiens eux-mêmes.
Cette attitude est similaire à la plupart des partis d’opposition en Afrique. Cette démarche est une porte ouverte à la manipulation et au financement de coup d’État par les puissances étrangères. Lorsqu’il s’agit des questions internes, les différents partis politique sont appelés à faire front commun.