Rached Ghannouchi, le chef de Ennahdha, le parti d’inspiration islamiste et Ali Laaraydeh, adjoint de Ghannouchi et ex-premier ministre, étaient convoqués lundi pour un interrogatoire avec le pôle antiterroriste tunisien en lien avec l’envoi de djihadistes en Syrie et en Irak.
L’interrogatoire n’a finalement plus eu lieu puisque l’unité nationale de recherche dans les crimes terroristes, a décidé de reporter l’audition.
Ennahdha : Les rescapés de 2011
En 2011, des milliers de Tunisiens s’étaient engagés avec des organisations djihadistes telles que le l‘Etat Islamique en Irak, en Syrie et en Libye. C’était à la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali.
Ce sont ces rescapés qui ont ainsi formé le parti Ennahdha, un pilier des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011. Aujourd’hui, détracteurs et membres de la classe politique tunisienne accusent ce parti d’avoir aidé ces djihadistes à rejoindre les zones de conflit.
C’est dans le cadre de ces accusations que Ennahdha dément fermement, que se déroule l’enquête qui a conduit à l’audition du chef de parti et son adjoint. Seulement, selon son avocat Samir Dilou, après plus de 12 heures d’attente, Ghannouchi n’a pas été entendu, tandis que son adjoint Laarayedh, qui lui a été interrogé pendant des heures, est encore détenu par l‘Unité de recherche dans les crimes terroristes.
Lors de sa prise de pouvoir en 2019, Kaïs Saïed le président tunisien avait décidé de démanteler Ennahdha qui était jusque-là le parti dominant du Parlement. M. Ghannouchi, 81 ans, alors président du Parlement dissous par M. Saied, avait déjà été interrogé en juillet par le pôle antiterroriste dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.
Aujourd’hui, la question sur l’expédition des djihadistes est de retour au cœur de l’actualité tunisienne. Dimanche, le parti Ennahdha a mis en garde l’opinion nationale et internationale en accusant les autorités en place de vouloir ternir ses opposants et faire diversion sur les véritables préoccupations des populations, en se servant de cette audition comme d’une instrumentalisation de la justice.