L’Union Européenne (UE) envisage signer un accord avec la Namibie dans l’optique de soutenir l’exploitation de l’hydrogène vert. Cet accord permettra à la Namibie d’exporter de plus grande quantité d’hydrogène vert en direction de l’UE qui souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie en matière d’énergie. Les détails des termes de cet accord ne sont pas encore connus, la vigilance reste de mise.
Les sanctions que l’UE a apposées à la Russie n’ont pas été sans conséquences. En plus de la flambée des prix, les relations avec son principal partenaire énergétique se sont détériorées. Le bloc cherche de nouveaux débouchés afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie.
En mai dernier, l’union européenne s’est fixé pour objectif d’importer au moins 10 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, qui seront complétés par une production locale de quantité égale. La Namibie fait partie des pays prioritaires de la « stratégie de la passerelle mondiale » de l’UE, version bruxelloise de l’initiative chinoise « Belt and Road » visant à stimuler les investissements dans les infrastructures et les liens diplomatiques dans les pays en développement.
L’hydrogène vert est une alternative qui participe contrairement aux autres sources d’énergie à la préservation de l’environnement. Il est d’un double en jeu pour l’Union Européenne qui en plus de problème diplomatique est en phase de transition énergétique.
L’UE laisse transparaître le bout de sa pensée à l’égard de la Namibie
Le bloc a du mal à exploiter son hydrogène vert à cause du coût élevé et du manque d’infrastructures qui limite la consommation. C’est pourquoi l’hydrogène produit par l’UE est le gris ou encore le bleu du fait qu’il soit dérivé du gaz ce qui a un impact négatif sur les coûts et l’émission des gaz à effet de serre.
La partie union européenne a mentionné que l’accord qui sera signé portera sur l’hydrogène vert et l’exploitation de certains minéraux. Cependant, le directeur général de la Commission nationale de planification pays d’Afrique du Sud-Ouest, Obeth Kandjoze, a déclaré à Reuters que des travaux étaient en cours pour un accord sur l’hydrogène vert, mais n’a pas fait de commentaires sur les minéraux.
Cette contradiction laisse transparaître les intentions de l’union dans le cadre de cette relation avec la Namibie, qui est de plus en plus prisé pour sa production d’hydrogène vert. En effet, l’Allemagne a déjà accepté d’investir 40 millions d’euros dans ce secteur. Des entreprises belges et néerlandaises sont également déjà présentes sur sol dans le cadre de l’exploitation de cette source d’énergie.
Hydrogène vert : 27 puissances européennes face à un pays en voie de développement
Les enjeux de cet accord sont grands tant du point de vue namibien qu’européen. L’occident est à la recherche d’autres débouchées comme à l’époque impérialiste mais cette fois sans user d’armement. Les parties devront trouver une entente qui répondra aux besoins de l’un et de l’autre. Toutefois le poids de l’Union européen semble être plus lourd que celui de la Namibie bien que disposant de la ressource objet de l’accord.
Il s’agit de 27 pays faisant front commun contre un seul pays en développement. Ceci devrait passer comme un message aux pays africains qui dans le cadre des relations avec les autres puissances occidentales se positionnent très rarement en tant que groupe. Lorsque cela est fait, la position occupée n’est pas une position de force.
Prenant exemple du sommet France-Afrique, il est ahurissant de voir tout un continent invité sur la table de débat par un pays dans une posture qui reflète une relation de maitre et d’esclave. C’est pourquoi lors du sommet UE-UA 2022, Le président de la Sierra Leone, Maada Bio, a posé la question suivante : « Sommes-nous des partenaires égaux dans cette affaire ? Considérons-nous qu’il y ait des êtres humains de l’autre côté ? ».
L’Afrique ne saurait aller sur la table des négociations en présentant des requêtes pourtant elle est la solution aux problèmes que rencontre l’union européenne. Le résumé du sommet UE-UA sur le blog des nations unies nous permet de lire quelques points de l’apport de l’Afrique sur la table des débats : l’Afrique a souhaité être soutenue par l’Union européenne dans le cadre de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), ils ont demandé un changement d’esprit en suggérant une relation de partenariat et non plus de donation.
Quelques points plus bas, il demande que les points d’actions soient implémentés. Dans le cours des échanges l’Afrique a également mis sur la table la question de la propriété intellectuelle qui touchaient directement la fabrication des vaccins, cette dérogation a été gracieusement refusée et il en de plusieurs autres qui participe à la diminution de la dépendance des pays africains vis-à-vis de l’occident.
Ce nouvel accord montre encore combien le modèle d’intégration régional européen devrait inspirer les pays africains. L’union africaine ne doit pas être un rassemblement d’États souverains, mais une réunion d’États partageant la même vision et aspirant au même avenir.
Ceci donnera de la crédibilité aux organes régionaux qui seront la voix habileté dans la gestion d’accord d’une certaine envergure. Notons que l’Afrique elle également a mis en place un projet de transition énergétique qui nécessitera l’exploitation des ressources disponibles. Lesquelles ressources font l’objet de différents accords.
Le développement de l’Afrique ne peut commencer que de l’intérieur, le continent disposant de nombreux atouts naturels et de nombreuses ressources financières cachées dans des accords biaisés ou des sociétés étrangères véreuses.