Le Zimbabwe a il y a quelques jours ouvert une conférence internationale ayant pour but d’obtenir l’autorisation de la communauté internationale quant à la vente de son stock d’ivoire saisit.
Des éléphants trop bien gardés?
C’est en tout cas ce que ressent les autorités du pays d’Afrique australe. En effet les propriétaire du parc national de Hwange, le plus grand parc animalier du pays se sentent punis d’avoir si bien sauvegardé la vie de leurs éléphants.
En effet le Zimbabwe fait valoir que sa population d’éléphants croît rapidement, à raison de 5 à 8 % par an, un taux qu’il juge beaucoup trop élevé et affirme avoir désespérément besoin des fonds provenant de la vente de l’ivoire pour gérer sa population d’éléphants, qui a atteint une taille « dangereuse« .
Par endroits, la confrontation avec l’homme devient insupportable selon Tinashe Farawo, porte-parole de l’autorité de gestion des parcs et de la faune sauvage du Zimbabwe : « Les gens peuvent venir voir de leurs propres yeux l’étendue des dégâts provoqués par les animaux, la colère que cela provoque parmi les communautés, qui n’en tirent aucun bénéfice. On dit simplement que la population doit pouvoir y trouver son compte. »
La population d’éléphants du Zimbabwe et de son voisin le Botswana représentent à elle seule 50% de la population mondiale des éléphants, une charge trop lourde à porter pour les deux pays. Les autorités zimbabwéennes sont très claires à ce sujet, si l’autorisation de vendre leurs 130 tonnes d’ivoire, dont la valeur est estimée à 600 millions de dollars, elles quitteront la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES).
La conférence organisée par le Zimbabwe comptait parmi ses membres les représentants de 16 pays africains, du Japon et de la Chine grands consommateurs d’ivoire également.
Une vente d’Ivoire controversée
Si le Zimbabwe s’emploi à faire autant d’efforts pour vendre son stock d’Ivoire, la tâche risque d’être encore plus ardue que prévue par le pays car nombre de groupes pour la protection de la nature s’y opposent fermement arguant -avec raison- qu’autoriser la vente d’ivoire encouragerait le braconnage des éléphants.
À condition que ces revenus profitent vraiment à la gestion des parcs naturels. Pour les ONG, la vente d’ivoire est une fausse bonne idée. Une coalition de 50 organisations de protection de la nature et de défense des animaux a fait état de son inquiétude dans une déclaration commune publiée lundi. Les pays d’Afrique australe ont deux fois reçus l’autorisation de vendre leurs stocks d’ivoire au Japon et à la Chine (en 1997 et 2008) et les conséquences ont été désastreuses entraînant une « forte escalade » du braconnage sur le continent, indique la lettre.
L’opposition vient du Kenya et d’autres membres de la Coalition pour l’éléphant d’Afrique, dont les 32 membres sont pour la plupart des pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest qui comptent moins d’éléphants. Ils affirment que la réouverture du commerce international légal de l’ivoire, même pour une seule vente aux enchères, entraînerait une augmentation du braconnage.
Le commerce illégal d’ivoire, une pratique désastreuse toujours opérée
La légalisation du commerce de l’ivoire, y compris par l’autorisation d’une autre vente « unique », « pourrait avoir des conséquences tout aussi désastreuses », ajoutent les groupes.
La CITES a interdit le commerce international de l’ivoire en 1989 afin d’enrayer le braconnage. Outre l’interdiction de la vente d’ivoire, la CITES a également imposé en 2019 des restrictions sur la vente d’éléphants sauvages capturés au Zimbabwe et au Botswana, une mesure qui a réjoui certains défenseurs de l’environnement mais consterné les responsables qui luttent pour gérer leurs parcs surpeuplés.
Le commerce illégal de l’ivoire est florissant : des syndicats internationaux financent des braconniers pour tuer des éléphants et scier leurs défenses en ivoire. L’ivoire est ensuite passé en contrebande à l’étranger, où il existe une demande d’ivoire pour les bijoux et les bibelots.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’augmentation du braconnage et la perte d’habitat ont aggravé la menace qui pèse sur les populations d’éléphants d’Afrique.
Le Zimbabwe et le Botswana se disent mal équipés pour lutter contre les braconniers sans l’argent des ventes d’ivoire, d’autant plus que les revenus du tourisme ont diminué en raison des restrictions de voyage liées au COVID-19 depuis 2020.