Algérie : La présidence suspend sa coopération avec l’Espagne

Algérie : La présidence suspend sa coopération avec l’Espagne Actualité & Info | Éditions Afrique

Le vendredi 8 juin 2022 est une date qui restera probablement à jamais marquée dans l’histoire de la diplomatie algérienne et espagnole. Et pour cause, l’Algérie a décidé ce jour, de suspendre immédiatement le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui le liait jusqu’ici à l’Espagne.

Cette décision arrive au terme de vives tensions diplomatiques entre les deux pays. L’Algérie accuse l’Espagne de ne pas avoir respecté le principe de coopération conclu entre les deux nations. Une autre raison qui aurait poussé la diplomatie algérienne à couper les ponts avec l’Espagne est que cette dernière a soutenu publiquement le projet d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental.

Les liens tissés entre l’Algérie et le Royaume d’Espagne se sont faits sur fond de traité, conclu le 8 octobre 2002. Il impliquait entre autres la mise en place des relations de bon voisinage et de coopération entre les deux pays, sur plusieurs axes importants et stratégiques. Ce n’était donc pas un texte anodin entre deux pays et après que l’Algérie a annoncé en ce jour du 8 juin 2022, la suspension immédiate dudit traité d’amitié avec le Royaume d’Espagne, nous en concluons que l’attitude de l’Espagne a été à l’origine d’un courroux qui n’a pu être toléré dans l’autre camp.

Selon Abdouramane Coulibaly, Analyste Politique : « Le contentieux diplomatique sur le Sahara occidental se fait sur la base d’une rivalité entre le Maroc et l’Algérie. On se rappelle déjà des mesures de rétention diplomatique qui avaient été prises par le royaume chérifien vis-à-vis des autorités espagnoles interdisant les navires espagnols de pouvoir chavirer sur les eaux continentales marocaines après que le Maroc a accordé un visa touristique dans le cadre d’un séjour médical au chef historique du mouvement indépendantiste du Sahara occidental »

Du côté algérien, la prise publique de position de l’Espagne en faveur du projet d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, relève d’une trahison. Pour l’exécutif algérien, cette décision de l’Espagne est « en violation de leurs obligations juridique, morale et politique, en violation également avec la légalité internationale ». Selon la présidence algérienne, l’arrêt immédiat des relations avec l’Espagne intervient suite au choix des autorités espagnoles de soutenir le Maroc ; lequel choix traduit leur contribution directe à la dégradation de la situation au Sahara occidental.

M. Coulibaly ajoute que : « La principale crainte aujourd’hui est qu’au-delà de la guerre entre la Russie et l’Ukraine nous craignons d’avoir une guerre au sein de la méditerranée et du Maghreb car l’Algérie risque de jouer notamment la guerre sur les prix du gaz pour pouvoir contraindre effectivement l’Espagne et l’Union Européenne à revoir la position diplomatique par rapport à la question du Saharaoui »

Pour rappel, les tensions entre l’Algérie et l’Espagne ne sont pas nouvelles. Elles datent en effet du 18 mars 2022, à la suite du revirement de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental. Ces tensions ne sont évidemment pas restées sans conséquences. La gestion du dossier de transfert du gaz naturel algérien vers l’Espagne en est un exemple concret, avec la menace algérienne d’augmenter les prix du gaz.

Si la décision prise par l’Algérie est compréhensible au vu de la longue histoire d’amitié qui l’a lié à l’Espagne, il n’en reste pas moins qu’une nouvelle guerre est à éviter absolument. À défaut de signer un nouveau partenariat, nous espérons que la diplomatie algérienne saura agir dans l’intérêt et pour le bien du continent en général et de la méditerranée en particulier.

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