Burkina Faso: La gestion sécuritaire à Seytenga remise en question par la classe politique

Burkina Faso: La gestion sécuritaire à Seytenga remise en question par la classe politique Actualité & Info | Éditions Afrique

Le président du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a visité mercredi 15 juin les populations déplacées et des soldats à Dori et à Seytenga afin de témoigner la compassion de la nation à ces populations et victimes de cette attaque terroriste au cours de la nuit du 11 au 12 juin 2022. Malgré cette preuve de compassion de la nation Burkinabé, plusieurs Burkinabé, acteurs de la société civile, et politiciens en particulier réclament des explications sur l’abandon des populations.

À la suite d’une attaque jihadiste jeudi, au cours de laquelle onze gendarmes avaient été tués et une quarantaine de jihadistes ont été tués par l’armée burkinabé à Seytenga. Des hommes armés ont tué, durant la nuit du 11 au 12 juin, au moins une cinquantaine de civils à Seytenga. Le bilan de l’attaque est de 86 morts.

Les différentes attaques ont poussé 6 000 personnes à se réfugier dans la ville voisine Dori. Selon le chef de mission adjoint de MSF, le Docteur Ulrich Namfeibona, les besoins humanitaires sont importants mais « Le plus urgent, c’est l’accès à l’eau potable, les abris et il manque aussi cruellement de toilettes ».

Une population livrée à elle-même

En effet, plusieurs rescapés de l’attaque de Seytenga, se sont retrouvés seuls face aux assaillants. Après la première attaque de jeudi, les hommes armés ont plié bagage, laissant la population sans défense à leur propre sort. Cette deuxième attaque est considérée comme des représailles contre les actions de l’armée burkinabé qui a éliminé une quarantaine de jihadistes.

Amadou, un rescapé réfugié à Dori (la grande ville proche de Seytenga), raconte que « Le lendemain (vendredi), à la levée des corps, les forces de sécurité ont plié bagage et sont parties (…) Nous avons alerté, nous avons demandé au moins un renfort pour sécuriser les populations sans défense ».

L’ incompréhensible abandon des forces armées burkinabé

Ainsi, tout en regrettant la mort de gendarmes et de civils à Seytenga, l’Union pour le progrès et le changement exige des éclaircissements sur les circonstances qui ont conduit à l’abandon de la zone par les forces armées burkinabé. « Après l’attaque de la gendarmerie, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour qu’on revienne s’en prendre à des populations civiles qui n’ont pas d’armes et ne demandent qu’à vivre ? », interroge Moussa Zerbo, le porte-parole du parti. « Et il y a Dori qui n’est pas loin. Et il y a une base là-bas. On aurait pu s’attendre logiquement à ce qu’il y ait du renfort pour aider ceux de Seytenga. Il faut que la hiérarchie militaire prenne ses responsabilités et arrive également à situer les responsabilités. » Ajouta-t-il.

Pour le porte-parole du Balai citoyen, Éric Kinda, une situation aussi déplorable n’a plus lieu d’être. « C’est révoltant, c’est inquiétant, il n’y a pas assez de mots pour qualifier ce qui est arrivé à Seytenga (…) Les terroristes sont venus attaquer le détachement. Ils sont partis et ils ont eu le temps nécessaire de revenir une deuxième fois. On peut donc dire que c’est une population qui a été abandonnée à son propre sort et ça, c’est révoltant et inacceptable.».

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