Egypte : L’affaire Nayera Ashraf ou un rappel de la violence contre les femmes en Egypte

Egypte : L'affaire Nayera Ashraf ou un rappel de la violence contre les femmes en Egypte Actualité & Info | Éditions Afrique

Le meurtre de Nayera Ashraf a suscité une véritable onde de choc dans tout le pays. En dehors de l’horreur de ce crime ce qu’il met surtout en avant c’est l’insécurité et le sexisme dans lequel vivent les femmes égyptiennes sujettes à toutes sortes d’attaques et humiliations.

Entre violence et insécurité

Nayera Ashraf, étudiante de 21 ans a été poignardée à plusieurs reprises en plein jour devant son université le 19 Juin dernier à Mansoura, à 150 kilomètres au nord du Caire. L’auteur n’est autre qu’un camarade de classe qui n’a pas supporté qu’elle rejette ses avances et sa demande en mariage. Il a été condamné à mort pour « meurtre avec préméditation ».

La victime avait déposé plusieurs mains courantes après avoir été menacée et harcelée. Les images de la scène diffusées sur internet ont provoqué un véritable tollé sur toile et fait de l’histoire l’une des affaires de meurtre les plus médiatisées en Egypte mais malheureusement le cas de Nayera est loi d’être un cas isolé et a surtout mis en lumière les violences subies par un nombre ahurissant d’autres femmes de sa communauté.

Moins de deux mois après le meurtre de Nayera Ashraf, une autre étudiante universitaire, Salma Bahgat, 20 ans, a été mortellement poignardée à au moins 15 reprises à Zagazig, entre le Caire et Mansoura. Un camarade étudiant a été accusé de l’avoir tuée après qu’elle ait rejeté sa demande en mariage.

De nombreux cas de violence passé sous silence

Il est difficile d’avoir une idée précise du nombres de victimes de violences sexistes en Egypte où les pratiques culturelles ont largement contribué à empêcher les femmes abusées de se manifester. Il est possible qu’un grand nombre de cas ne soient pas signalés.

Une étude de la Fondation Edraak pour le développement et l’égalité (EFDE), une ONG égyptienne, a enregistré 813 crimes de violence contre les femmes et les filles mentionnés dans les rapports des médias et les déclarations du procureur général en 2021, contre 415 en 2020.

Les victimes et les avocats affirment que ceux qui ont demandé de l’aide aux autorités ne l’ont pas toujours reçue.

Une vague d’affaires de violence domestique très médiatisées en Égypte a mis en évidence ce que les critiques décrivent comme des échecs des autorités et du système juridique dans la protection des femmes à risque.

De nombreux experts tels que Lobna Darwish spécialiste des questions de genre à l’ONG Egyptian Initiative for Personal Rights, considèrent que les peines prononcées comme celles dans le cas de Nayera sont des sortes de représentations spectacles dans des cas qui émeuvent le public, quand dans la vie de tous les jours ces femmes obtiennent rarement justice ou même du soutien.

« Mais nous ignorons les causes profondes de la violence à l’égard des femmes et l’ampleur de la violence qui se produit dans les foyers et à l’extérieur », a-t-elle déclaré.

L’un des problèmes est l’absence d’une loi criminalisant la violence contre les femmes qui pourrait prévenir les crimes avant qu’ils ne se produisent, a déclaré Entessar El Saeed, avocat et directeur de la Fondation du Caire pour le développement et le droit.

Le rôle de la pression sociale

La pression sociale contre les femmes qui signalent les crimes reste également un obstacle, a déclaré El Saeed.

Un exemple flagrant reste le cas de Mary Magdy, une femme de 35 ans qui a dénoncé son mari à la police pour quatre incidents d’agression violente.

Bien qu’il ait été convoqué pour être interrogé, aucune action en justice n’a été engagée dans un premier temps suite à ses allégations, et la police et les procureurs ont seulement proposé une réconciliation entre époux, a déclaré Magdy à Reuters. Des proches auraient également insisté pour qu’elle retire ses plaintes, mais au début de cette année, elle a divulgué des images de surveillance de l’un des passages à tabac, et le procureur a réagi.

Son mari a été arrêté dans la semaine et condamné à un an de prison, cependant Magdy en tant que membre de la minorité chrétienne copte d’Égypte, elle ne peut obtenir le divorce.

« Il n’existe aucune voie légale qui la protège », a déclaré Saeed Fayez, son avocat.

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