Génocide au Rwanda : Dernier jour de procès pour Laurent Bucyibaruta

Génocide au Rwanda : Dernier jour de procès pour Laurent Bucyibaruta Actualité & Info | Éditions Afrique

Le long procès de Laurent Bucyibaruta tire enfin à sa fin. Accusé d’avoir aidé et encouragé le génocide de 1994 qui avait fait des centaines de milliers de morts dans le pays, l’ancien préfet rwandais a une nouvelle fois clamé son innocence dans un tribunal à Paris où il est jugé. Le verdict sera rendu ce mardi.

« Je n’ai jamais été dans le camp des tueurs » a clamé l’accusé âgé de 78 ans, lors du dernier jour de son procès. Au cours de ce long procès, l’accusation a requis vendredi, la réclusion criminelle à perpétuité contre celui qu’elle estime être complice d’un massacre de Tutsi et auteur de quatre autres massacres dans sa préfecture de Gikongoro, tandis que lundi, sa défense a plaidé l’acquittement, appelant la cour d’assises de Paris au « choix du courage ».

Qui est l’accusé Laurent Bucyibaruta ?

Au moment où de milliers de Tutsis se font massacrer par leurs voisins Hutus en 1994, l’accusé Laurent Bucyibaruta occupe le poste de chef de la police. À Paris, il est accusé d’avoir supervisé certains des actes ignobles qui ont eu lieu, notamment les meurtres d’étudiants dans une école secondaire, dans des églises, en prison ; les meurtres de Tutsis qu’il avait juré de protéger. Bon nombre des témoins et survivants ont affirmé aujourd’hui que sa promesse de protection était en réalité un piège. 

Avant qu’ils ne se retirent pour la délibération, l’ancien haut-fonctionnaire, vêtu d’une veste beige sur une chemise bleu ciel et masque sous le menton, s’est adressé aux magistrats et jurés auxquels il a exprimé son souhait de dire quelques mots « aux rescapés du génocide ».

« Je voudrais leur dire qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit de les abandonner aux tueurs », a-t-il déclaré. « Est-ce par manque de courage ? Est-ce que je pouvais les sauver ? Ce sont des questions, même des remords qui me hantent depuis plus de 28 ans », a-t-il poursuivi.

Dans l’attente du verdict

En attendant le verdict qui tombera ce soir, le journaliste d’AfricaNews Jerry Fisayo-Bambi qui a suivi de près l’affaire entamée depuis 9 semaines déjà, a tenu à éclaircir quelques points.

À la question de savoir si l’ancien préfet encourt bel et bien la perpétuité même s’il n’est pas directement accusé d’avoir tué qui que ce soit, Fisayo-Bambi a répondu que oui. Expliquant que cette situation était là pour rappeler le rôle important de responsabilité et de leadership qu’ont joué certains, particulièrement ceux qui, dans des circonstances accablantes, ont choisi de détourner le regard et de ne pas avoir agi alors que des crimes odieux étaient commis sous leur gouvernance, comme c’était le cas de Bucyibaruta.

Le journaliste a également expliqué que si le procès se déroule en France, c’est parce que jusqu’à ce jour, il existe encore de nombreuses interrogations quant au rôle qu’a joué le pays dans le génocide. En effet, la France a accueilli plusieurs suspects qui y ont cherché refuge ou ont été protégés pendant des décennies.

Aujourd’hui, dans un souci d’établir de bonnes relations et construire un nouvel avenir avec le Rwanda, Emmanuel Macron a promis que certains suspects seraient poursuivis. Il y a environ 100 suspects du génocide qui seraient cachés en France, dont 30 qui font actuellement l’objet d’une enquête. Laurent Bucyibaruta est le suspect le plus important jugé en France. Pour rappel, l’ex-préfet y vit depuis 1997 et comparaît libre à l’audience.

Pour Jerry Fisayo-Bambi, ce procès une aube nouvelle pour la relation entre la France et le Rwanda, surtout en ce qui concerne son passé.

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