La RDC a profité d’une session de débat au cours du premier congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sur les aires protégées d’Afrique pour revenir sur les reproches qu’elle fait au Rwanda au sujet du groupe rebelle M23. Face à la presse, le ministre du tourisme congolais n’a pas manqué d’évoquer les conséquences du soutien que le Rwanda offre au groupe rebelle, réclamant de ce fait réparation. Alors que cette affaire semblait résolu après l’intervention du président angolais en qualité de médiateur, fort est de constater que les plaies n’ont pas été pansées et que les griefs à l’endroit du pays de Paul Kagame demeurent.
Depuis lundi, gouvernements, secteurs privés, sociétés civiles, populations autochtones et communautés locales sont réunis à Kigali au Rwanda pour échanger au sujet des aires protéger en Afrique. Au cœur de ces échanges sur les aires protégées, la RDC par la voix de son ministre du Tourisme, a appelé à des sanctions à l’encontre du voisin de l’Est, le Rwanda.
RDC: Le ministre du tourisme traite le Rwanda de «pays agresseur »
Modero Nsimba a saisi l’occasion que lui a donné la presse pour exprimer le fonds de sa pensée et son ressenti vis-à-vis du Rwanda voisin: «Sachez que le pays qui vous reçoit soutient un groupe rebelle M23 qui tue, pille et saccage une aire protégée inscrite sur la liste du patrimoine mondial, le parc des Virunga». Le ministre du Tourisme a ajouté : «il faut que les participants à la réunion de Kigali et la communauté internationale condamnent formellement le Rwanda et se lèvent pour protéger le parc des Virunga, ce patrimoine mondial, comme le monde s’était levé unanimement lorsque les mosquées de Tombouctou au Mali ont été attaquées».
Par ailleurs ce dernier a décrié plusieurs autres faits mettant en cause chacune des parties prenantes à cette conférence. Il trouve par exemple qu’«il est anormal que le Parc des Virunga soit géré par un Belge, que des chercheurs britanniques viennent y travailler alors que tout le monde est indifférent au drame imposé par le Rwanda»
Il n’a pas manqué de souligner qu’au vu de la situation, une militarisation des aires protégées de l’est de la RDC est à l’ordre du jour. Le ministre du tourisme estime que la condamnation du «pays agresseur permettra de tirer des conséquences diplomatiques qui s’imposent»
La situation entre la RDC et le Rwanda semblait stable depuis la médiation du Président angolais.
Ces propos du porte-parole du gouvernement sème l’ambigüité quant au dénouement précédant de cette affaire. En effet, en présence du président angolais, Paul Kagame et son homologue congolais avaient signé un cessez le feu dans le cadre des accusions qui pesaient sur le Rwanda.
Même si la RDC n’a pas explicitement avancé reconnaître la non implication du Rwanda dans cette affaire, tout portait à croire que les relations entre les deux pays s’étaient stabilisées. Grande est alors la surprise lorsque l’on explore le contenu des propos du porte-parole du gouvernement congolais réclamant une sanction à l’endroit du Rwanda.
Rappelons également que, le porte-parole du groupe rebelle M23 avait clairement mentionné qu’ils n’ont rien à voir avec le Rwanda et par conséquent ne sont pas concernés par le cessez le feu signé entre les deux pays. Il a rappelé qu’il s’agit de congolais et qu’ils n’iront nul part car ils sont sur leur territoire.
Le plus choquant dans cette affaire n’est pas le contenu des propos ou encore la rancune tenace, mais l’opportunisme dont a fait preuve un frère africain, jetant en pâture son semblable et recherchant des alliés pour infliger des sanctions. Le président congolais était-il au courant des intentions de son ministres? Peu importe la réponse à cette question, une réelle entorse s’est créée entre les deux pays.
La réaction du gouvernement rwandais déterminera la suite de cette affaire que tout le monde croyait conclue il y’ a plusieurs jours de cela.