Mali : Jean-Yves Le Drian et son fils au cœur d’une enquête pour «atteintes aux biens publics»

Mali : Jean-Yves Le Drian et son fils au cœur d'une enquête pour «atteintes aux biens publics» Actualité & Info | Éditions Afrique

Dans un contexte de relations très tendues entre la France et le Mali, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, est convoqué par la justice malienne dans le cadre d’une enquête portant sur une « atteinte aux biens publics et autres infractions », a fait savoir mercredi 11 mai un tribunal de Bamako. Thomas, le fils de Jean-Yves Le Drian, est également visé par la plainte.

Cette enquête fait suite à une plainte déposée par le mouvement « Maliko » (La cause du Mali) qui regroupe plusieurs organisations de la société civile. La justice malienne soupçonne le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian et son fils Thomas le Drian, d’avoir en 2015, favorisé l’entreprise bretonne, Oberthur à obtenir le marché de confection de passeports biométriques maliens, par une pression sur les autorités maliennes de cette époque, alors qu’une entreprise canadienne proposait des conditions plus avantageuses.

Selon le mouvement Maliko, le plaignant, « …ce marché a été attribué de gré à gré à la société Idemia (autrefois Oberthur), sans appel d’offres, ni appel à candidature à la concurrence. Ainsi, les procédures et règles du code des marchés publics ont été allègrement violées… ».

Il y’a très peu de chance que M. Jean-Yves le Drian et son fils Thomas se présentent le 20 juin prochain, devant la justice malienne, étant que le ministère français des Affaires étrangères dit n’avoir reçu aucune notification ni information par les canaux appropriés.

L’action de la justice malienne est très symbolique pour les pays africains précisément ceux de l’Afrique francophone. Elle met à découvert des pratiques peu orthodoxes, qui se déroulent continuellement dans les pays africains et auxquelles tout le monde a fini par s’habituer et à ériger en norme. En effet, les entreprises françaises obtiennent de gros marchés d’État dans les anciennes colonies françaises, sans appel d’offres ni de concurrence.

C’est la toute première fois (mais probablement pas la dernière), qu’une autorité française, en plus un ministre soit convoqué devant une juridiction africaine, pour répondre de ses actes. Nous avons plutôt été habitués à voir des personnalités africaines convoquées devant la justice française, pour les fameux « biens mal acquis ».

Cette action de la justice malienne montre la détermination du Mali en ce qui concerne l’exigence du respect qu’il attend recevoir des autres pays qui semblant encore considérer les pays africains comme leurs subordonnés.

Il n’y a aucune raison que des personnalités françaises échappent à la justice africaine, pour des faits qui se sont déroulés en Afrique, si déjà des personnalités africaines peuvent subir la rigueur de la justice française pour des délits non commis en France. Il est question désormais de réciprocité.

Ainsi, Jean-Yves le Drian et son fils Thomas doivent comparaitre devant la justice malienne pour les besoins de l’enquête, sinon , ils devront être jugés par défaut.

Nazaire Kadia, cadre de l’opposition ivoirienne a affirmé qu’« Il faut en finir avec cette impunité dont bénéficient les autorités françaises en Afrique. Il ne faudrait pas passer par pertes et profits ces actes, comme le fut la tuerie de jeunes ivoiriens devant l’Hôtel Ivoire en 2004, par les soldats français. Aucune ONG en Côte d’Ivoire, ou dans la diaspora, aucun parti politique, n’a eu le courage de porter plainte contre l’armée française pour ses crimes, aucun procureur ivoirien ne s’est autosaisi pour que des comptes soient demandés aux autorités françaises. C’est en cela que la démarche de Maliko et la prompte réaction de la justice malienne, constituent une grande première à suivre ».

Cette action malienne est un exemple pour tous les pays africains qui subissent sans dire mot des pratiques peu orthodoxes de leur collaborateurs étrangers.

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