Mali : La CEDEAO va-t-elle enfin lever les sanctions ?

Mali : La CEDEAO va-t-elle enfin lever les sanctions ? Actualité & Info | Éditions Afrique

Le 3 juillet 2022, se tiendra à Accra un nouveau sommet de la CEDEAO. Au regard des nombreuses actions posées par le gouvernement maliens ces dernières semaines en vue de l’organisation d’élections démocratique consacrant le retour au pouvoir des civils, se pose à nouveau la question de la levée des sanctions de la CEDEAO à l’encontre du Mali. L’organisme régional y consentira-t-il enfin ? Ou le peuple malien sera-t-il encore mis au supplice ?

Actions menées en vue du retour au pouvoir des civils

Lundi 7 juin, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a signé un décret en ce sens lu à la télévision d’État et stipulant que « la durée de la transition est fixée à 24 mois, (à) compter du 26 mars 2022 ».

Le 21 février dernier, le Conseil national de transition (CNT) avait adopté une nouvelle Charte de Transition qui s’était substituée à celle d’octobre 2020. Celle-ci stipulait, entre autres, que l’actuel président de la transition ne saurait se présenter aux prochaines élections législatives et présidentielle. Alors que la première Charte prévoyait l’organisation d’élections, le 27 février, aux termes d’une transition de 18 mois, les Assises Nationales organisées par la junte avaient préconisé la prolongation du mandat de la transition.

Ainsi, il y a quelques mois, les nouvelles autorités du Mali ont annoncé la possibilité d’une transition pouvant aller jusqu’à cinq ans avant d’organiser de nouvelles élections. Cette durée est allée bien au-delà de l’avis de la communauté internationale et a suscité l’indignation de la CEDEAO, qui a par la suite imposé des sanctions supplémentaires à Bamako au début de 2022. A la suite de quoi, comme pour couper la poire en deux le gouvernement malien a pris des mesures afin d’organiser dans de meilleurs délais des élections démocratiques.

Les décisions s’enchainent ces derniers temps au Mali en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel. A la suite de la nouvelle loi électorale adoptée par le Conseil national de la Transition (CNT) et sa promulgation par le chef de l’Etat, le gouvernement malien vient de dérouler le calendrier électoral. De ce qui a été annoncé par le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, il ressort que l’élection présidentielle se tiendra en février 2024, le référendum sur la Constitution en mars 2023, le vote des conseillers territoriaux, communes et régions en juin 2023 et les législatives en octobre 2023.

La CEDEAO ou le « Père Fouettard » ?

La grande attente viendra surtout des décisions qui seront prises lors du prochain sommet de la CEDEAO. Les autorités maliennes souhaitent vivement la levée des sanctions et considèrent le mériter au vu de ses récents efforts. Les chefs d’Etat et de gouvernements de la CEDEAO devront se pencher sérieusement sur la question malienne de façon à soulager un tant soit peu la population qui dans un contexte de guerre russo-ukrainienne, d’inflation grandissante et de reprise post-Covid-19 est déjà à bout de souffle, une situation que les sanctions de l’organisation aggravent grandement. La Cédéao en conditionne la levée à la présentation par la junte d’un calendrier de transfert du pouvoir acceptable à ses yeux.

Au-delà du Mali, ces sanctions ont fait des victimes collatérales dans les pays voisins du Mali que sont, entre autres, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal. Les flux des échanges commerciaux entre ces différents pays sont très importants et vitaux pour les économies des Etats. De nombreux opérateurs économiques et petits commerçants paient le prix fort depuis que le Mali a été isolé de l’espace CEDEAO.

La CEDEAO dont la fiabilité est déjà remise en cause du fait de son manque d’impartialité sur la question des gouvernements militaires de la région a tout intérêt à sortir de cette posture de père fouettard pour prendre en compte la trajectoire que les autorités maliennes viennent de dessiner pour la Transition, ou à défaut d’adopter enfin une ligne de conduite claire sur la question des gouvernements militaires.

Un exemple du manque criant d’impartialité de la CEDEAO est clairement son traitement vis-à-vis du Mali. Le Mali a été condamné, et sanctionné de manière particulièrement sévère pour ne pas avoir revu son calendrier ce qui n’est pas le cas de la Guinée ou du Burkina Faso par exemple sanctionnés avec beaucoup moins de sévérité (Ils sont pour l’instant uniquement suspendus des organes de la CEDEAO). C’est ce manque d’impartialité dans ses décisions qui mettent en doute la pertinence de l’organisation et du bien-fondé de son existence même.

Le risque de crise alimentaire se fait de plus en plus grandissant dans la sous-région, la nécessité de poser des actes participant au renforcement de la résilience des populations qui subissent sévèrement les revers de la crise sécuritaire ne s’est jamais autant fait ressentir. Après six mois de lourdes sanctions qui ont fait des dégâts énormes sur le plan socioéconomique, il serait peut-être temps pour la CEDEAO de se faire une raison afin d’aider le Mali à sortir la tête de l’eau.

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