Mali : La Coopération entre Moscou et Bamako s’intensifie

Après la mise en place d’un partenariat militaire les relations entre Bamako et Moscou favorisées par le départ de la France, semblent s’étendre au point où les deux envisage la mise en place d’un partenariat économique.

Des relations diplomatiques de plus en plus cordiales entre les deux pays

Le ministre des affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov s’est entretenu le 20 mai avec le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali Abdulai Diop, à Moscou en visite de travail. Les récents échanges entre les deux pays en disent long sur la volonté des Maliens et des Russes de donner une dimension plus importante à leurs relations bilatérales.

La visite de M. Diop à Moscou était motivée par la recherche de solutions à des défis dans l’approvisionnement correct et durable de du Mali en hydrocarbures, blé, ciment, ou encore en engrais.

«Notre délégation a eu des rencontres avec des structures publiques et des compagnies privées russes concernées. Mais nous avons besoin de l’appui de l’état russe pour faire accélérer les accords en vue», a expliqué le chef de la diplomatie malienne, ajoutant que le souhait du Mali est d’élargir la coopération au commerce des biens de consommation.

Sergueï Lavrov a de son côté assuré le soutient sans failles de la Russie qui se dit prête à continuer à apporter son appui au Mali dans le domaine militaire et aussi pour le développement des échanges commerciaux. «Nos échanges commerciaux ont connu une croissance de 20% mais le montant reste modeste. Il faudra l’améliorer. Nous encourageons les contacts en cours avec les entités russes», a déclaré M. Lavrov.

Des manifestations de soutient à l’international qui renforcent les liens entre Bamako et Moscou

Si les relations entre les deux pays se développent et s’améliorent c’est en grande parie grâce au soutient mutuel que les deux nations affichent l’une envers l’autre à l’international. Le Mali se met ouvertement du côté de la Russie vis-à-vis du conflit Russo-Ukrainien. M. Lavrov déclare d’ailleurs à ce sujet: «Nous n’avons eu d’autre choix que d’intervenir pour assurer la sécurité des populations russophones et empêcher que l’Ukraine n’accueille des bases militaires aux portes de la Russie», insistant sur la nécessité du soutien de ses alliés dont le Mali face aux représailles des pays occidentaux.

M. Diop quant à lui dit être reconnaissant du soutient affiché par Moscou dans le cadre de son conflit avec la France et la CEDEAO ayant pour but d’isoler complètement le pays.

Les deux chefs de la diplomatie sont d’avis que les sanctions ne permettent pas de trouver de solutions aux crises. «Nous assistons à une maladie des sanctions à la grande déception de la Russie», a affirmé le ministre russe. M. Diop a répondu à cette affirmation que son pays compte davantage sur les vertus du dialogue pour régler les différends. «Les sanctions contre le Mali avaient manifestement pour objectif de provoquer des soulèvements. Tel n’est pas le cas», a-t-il ajouté, mettant l’accent sur le fait qu’elles n’ont pas permis d’obtenir des avancées sur le dossier de la crise malienne.

Un pied de nez à la France?

Si l’hexagone entendait faire regretter au Mali la rupture de leurs liens diplomatiques, il n’en est rien. Le partenariat avec la Russie semble pleinement satisfaire Bamako qui s’éloigne de plus en plus de l’ancienne puissance coloniale.

Un éloignement qui passe aussi par le rejet de toutes les institutions sous influence française à l’instar du G5 Sahel dont le Mali s’est retiré il y a quelques jours. Ce sentiment anti-français semble d’ailleurs partagé par de en plus de pays de la région qui semblent excédés d’un comportement qu’il juge colonialiste.

Assistons nous donc à l’avènement d’une nouvelle ère diplomatique consacrant le remplacement par la Russie de la France en Afrique ? Difficile de le dire car la France décidément enracinée dans le territoire ne semble pas prête à en partir, et qui bien au contraire déploie toutes ses ressources pour y rester. Mais pour combien de temps cette instance portera t-elle ses fruits ?

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