Mali : L’ONU accuse officiellement les FAMA et le groupe Wagner de massacre de civils à Moura

Mali : L'ONU accuse officiellement les FAMA et le groupe Wagner de massacre de civils à Moura Actualité & Info | Éditions Afrique

Dans le cadre de la lutte anti-terroriste menée par le gouvernement malien, les FAMA (Forces Armées Maliennes) ont mis à mort plus de 300 personnes dans le village de Moura. Une opération que l’ONU qualifie de massacre, dont les FAMA et le groupe Russe Wagner seraient les responsables.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU doit bientôt remettre un rapport au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sur des tueries perpétrées du 27 au 31 mars dans le village de Moura, dans le centre du Mali. Le massacre a notamment été documenté par l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié le 5 avril.

Moura, un village sous contrôle des terroristes

Moura populaire pour sa foire aux bestiaux, quelques années après le début de la guerre du Mali en 2012, est passé sous contrôle de la Katiba Macina, une unité combattante islamiste dirigée par Amadou Koufa et affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (filiale d’Al-Qaïda). Les terroristes font la loi à Moura et la population n’a pas d’autres choix que de se plier à leurs règles afin de survivre.

L’armée malienne a tenté à plusieurs reprises de reprendre le contrôle sur la ville, mais les terroristes se cachant au milieu de la population et y ayant quelques alliés la tâche n’est pas aisée. Selon le rapport de Human Rights Watch et l’ONU les FAMA qui décident de lancer l’offensive sur Moura le 27 mars 2022 contre les insurgés accompagnés de mercenaires du groupe Wagner, tirent alors sur la population sans distinction des civils et des insurgés, causant environ 300 morts dans le village.

Des terroristes et des civils tués sans distinction

Les témoins de l’attaque de Moura ont formellement identifié des hélicoptères bourrés de soldats blancs et ceux transportant des militaires maliens tirant à bout portant sur les gens.

« On nous a couchés sur le sol jusqu’au soir. Les soldats désignaient quelqu’un du doigt et disaient “c’est un jihadiste”, en fonction de la longueur de son pantalon ou de sa barbe. Alors ils le tuaient. Toute la nuit, ils ont pris des gens et les ont tués », déclare un jeune homme habitant du village nommé Bamba.

La population confirme que beaucoup de personnes tuées ce jour-là étaient des terroristes dont elle ne nie guère la présence dans le village. Cependant elle affirme également que beaucoup de civils n’ayant pas le moindre lien avec le groupe terroriste aurait été tués.

En ce qui concerne l’armée malienne elle, déclare que 203 jihadistes auraient été neutralisés et 51 interpellés au cours de ce qu’elle qualifie d’opération antiterroriste « de grande envergure ».

Une indignation sélective ?

Le massacre de Moura est une horreur, et la dénonciation de celui-ci la communauté internationale et surtout par la France dont le ministre des affaires étrangères s’est dit « gravement préoccupé par les informations faisant état d’exactions massives » et a appelé « à l’ouverture rapide d’enquêtes nationales et internationales pour établir les responsabilités de ces actes et traduire en justice leurs auteurs », s’est faite sans attendre. Cependant la tuerie n’est pas la première commise dans la région.

En effet, depuis de nombreuses années la population alerte les autorités et la communauté internationale sur la perpétration par les FAMA et les milices d’autodéfenses de meurtres en l’encontre de civils, tués en plus grand nombre que les djihadistes. Jusqu’à ce jour ces plaintes étaient soigneusement ignorées. Il aura donc suffi que les relations diplomatiques entre la France et le Mali se détériorent pour que son attention se porte sur les exactions commises par les FAMA.

De la même manière les exactions commises par le gouvernement Déby au Tchad« la répression à coups de mitrailleuses des manifestations intervenues à Abéché, dans l’est du pays, les 24 et 25 janvier » a fait « selon Human Rights Watch, 13 morts et plus de 80 blessés », sont soigneusement passées sous silence.

Si le massacre de Moura est bel et bien à condamner, l’attitude de la communauté internationale et son indignation sélective l’est tout autant.

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