Le soleil qui se lève doucement sur Bamako en ce mercredi 13 juillet 2022, n’est pas tout seul puisqu’il s’accompagne d’un vent nouveau. Et ce vent, c’est celui de l’odeur des moteurs des trains que les populations riveraines s’apprêtent à re-découvrir. Le grand jour est arrivé pour les cheminots et tous les autres travailleurs des chemins de fer, pour la reprise du trafic ferroviaire arrivé à une phase cruciale. À l’occasion du retour de la ligne ferroviaire entre Bamako et la cité des rails, « soulagement » semble être un doux euphémisme pour les populations et autres localités riveraines.
Au matin du grand jour, alors que la Sopafer (Société de patrimoine ferroviaire du Mali) procède à » l’essai blanc » du train de transport-voyageurs entre Bamako et Kayes, les travailleurs des chemins de fer, qui avaient longuement été privés d’activités, ne peuvent pas s’empêcher de célébrer la relance du trafic ferroviaire.
Bamako en fête
Pour cette grande et belle l’occasion, la gare de Bamako a accueilli du beau monde, notamment la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko ; Ibrahim Maïga, le directeur général de la Société de patrimoine ferroviaire du Mali (Sopafer), et d’autres responsables des chemins de fer.
Les travailleurs ne sont pas les seuls en joie. À Bamako, l’événement est loin de passer inaperçu. Entre automobilistes, piétons et autres badauds, tous les curieux sont alertés par le train qui se met à siffler. La foule, qui n’avait plus l’habitude d’entendre les sifflements des trains, ne cesse de s’agrandir, pendant que dans les coulisses, les cheminots s’affairent pour le lancement de « l’essai blanc » du train de transport-voyageurs entre Bamako et Kayes.
Quelques détails de coulisses
« Le train est à l’arrêt depuis 2018 et c’est avec un grand plaisir que nous reprenons le boulot aujourd’hui « , soutient Makan Sissoko, un électricien à bord du train. C’est avec un grand sourire aux lèvres qu’il discute des derniers réglages avec d’autres agents, mécaniciens, maintenanciers, tous vêtus d’un uniforme bleu composé d’une chemise et d’un pantalon. Makan Sissoko est surtout heureux car cette relance signe également la création de nouveaux emplois, en plus des formations et autres recrutements à venir. « Le train a été remis sur pied grâce à l’expertise malienne, rien n’est venu de l’extérieur », se félicite-t-il.
De son côté, le coordinateur des syndicats et associations des cheminots, Moussa Keita Yao, se dit satisfait des démarches entreprises par les autorités. Il se réjouit non seulement du paiement de leurs arriérés de salaire après tant d’années de détresse, mais également de la mise en ligne d’un convoi de locomotive, même s’il ne s’agit que d’une phase d’essai.
La mise en marche du train
Pour parvenir à ce niveau, plusieurs activités ont été réalisées. Il s’agit de la réhabilitation de 19 gares de Bamako à Kayes, des ateliers centraux de Korofina et de Kayes ; de l’acquisition partielle des équipements mécaniques et outillages pour les travaux de la voie. Par ailleurs, des travaux de traitement des points critiques de la voie entre Bamako et Kayes, ont été faits. Ainsi que la pose des traverses en bois sur l’ouvrage d’art de Bamako à Diboli et les travaux de confortement des ponts de Galougo, Mahina et Toukoto.
La ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a pris la parole pour donner un bref programme des événements. Elle a expliqué que les essais en blanc à réaliser dans les semaines à venir, se feront avec les deux locomotives CC2205 et CC2207. Réhabilitées par les techniciens Maliens, elles permettront de relever, entre autres, les anomalies sur le matériel roulant et sur la voie ferrée.
La suite prévoit l’exploitation commerciale avec des sources de financement déjà identifiées. « En plus d’une voie métrique, nous disposerons d’une voie standard, entre Bamako et Kayes ainsi que l’acquisition de 3 locomotives avec la société russe STM », a ajouté Mme Dembélé Madina Sissoko.
L’implication des autorités
Afin d’atteindre tous ces objectifs, le gouvernement s’est associé à la société russe STM, avec laquelle il a signé un mémorandum d’entente pour réhabiliter d’autres locomotives se trouvant dans les ateliers centraux de Korofina. La venue des partenaires russes, attendus à Bamako dans les prochains jours, aidera à réaliser l’étude de migration de la voie métrique vers la voie standard.
L’un des points importants à relever dans cette reprise du trafic ferroviaire est que : toutes les activités sont financées par le budget national. Une décision qui n’a pas manqué à l’attention de la ministre Madina Sissoko qui a salué l’implication du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et ses efforts dans la réalisation du retour du trafic ferroviaire. Elle a rappelé que l’engagement des plus hautes autorités avait permis aux techniciens maliens de réparer entièrement deux locomotives et les voitures voyageurs.
Évoquant l’aspect économique des chemins de fer, Mme Sissoko a déclaré que ce sont des villes entières qui revivront grâce au train. Le retour du chemin ferroviaire représente une aubaine dans le transport des marchandises pour un pays enclavé comme le Mali.
À l’occasion de ce voyage d’essai, Bamako a dit honneur aux dames. En effet, le train sera conduit par Mme Gouanlé Alima Coura Mariko, conductrice depuis 14 ans sur la ligne Bamako-Kayes. Elle pourra compter sur l’assistance d’autres cheminots qui effectueront le voyage comme des passagers. C’est la locomotive CC-2207, avec 7 voitures-voyageurs, qui a pris le départ hier à 8h45 à la gare ferroviaire de Bamako à destination de Kayes. Le retour est prévu à Bamako aujourd’hui.