Rwanda: Génocide-fin des plaidoiries dans le procès d’un ancien préfet

Rwanda: Génocide-fin des plaidoiries dans le procès d'un ancien préfet Actualité & Info | Éditions Afrique

Jugé à Paris pour le génocide au Rwanda en 1994, ce lundi marque le fin des plaidories dans le proces de l’ex-préfet rwandais Laurent Bucyibaruta.

En effet, l’ex-administrateur est jugé depuis le 9 mai devant la Cour d’assises de Paris pour génocide, complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité, accusations qu’il réfute. Le génocide a plus touché le sud du Rwanda, la minorité Tutsi en particulier. Selon l’ONU le génocide a fait au moins 800 000 victimes.

Auteur principal de crime contre l’Humanité ou complice ?

Dans leur réquisitoire, les deux avocates générales ont retenu sa « complicité par aide ou assistance » pour le massacre d’environ 25 000 réfugiés tutsi dans la paroisse de Kibeho le 14 avril 1994 où, « conscient de la situation, il a laissé faire ».

Il est également accusé pour les tueries des 21 et 22 avril, dans une école en construction de Murambi, à Cyanika et à Kaduha, qui a causé quelque 75 000 mort, et pour l’assassinat d’une centaine d’élèves dans un lycée à Kibeho le 7 mai.

Les représentantes du parquet national anti-terroriste (Pnat) estiment que cet ancien administrateur zélé a « failli à son devoir » de protéger les Tutsi de sa préfecture alors qu’il « avait des moyens d’agir ». Les représentantes réclament sa condamnation comme « auteur principal » du « crime des crimes ».

« Il a en conscience exécuté les directives » du gouvernement intérimaire, qui « visaient à l’éradication des Tutsi », puis les a « répercutées à tous les maillons de la chaîne administrative », ont soutenu les avocates générales. Elles ont estimé avec certitude qu’il fallait le considérer comme « auteur » de génocide.

Un Fonctionnaire au zèle controversé.

Durant les six bonnes heures de leur réquisitoire, les avocates générales ont invité la cour constituée de trois magistrats et de six jurés à « ne pas permettre à Laurent Bucyibaruta d’échapper à sa responsabilité ». À voir « préfet de 50 ans, rompu à l’exercice du pouvoir » et doté d’une « ambition certaine » qu’il était en 1994, derrière cet homme de 78 ans, « diminué par la maladie », qui « coule aujourd’hui une retraite paisible dans la banlieue de Troyes ».

L’avocate générale Céline Viguier a estimé que, il était « un fonctionnaire efficient, rigoureux, zélé », « un homme puissant » qui « a choisi de continuer à servir » la nation malgré les crimes qui l’a commis.

« Cet homme n’a tué aucune personne » de ses mains « mais il a sur lui le sang de toutes les victimes tuées à Gikongoro », a résumé l’une d’elles, Sophie Havard. Par ailleurs, Les deux magistrates sont ainsi allées au-delà de l’ordonnance renvoyant l’ex-préfet devant une cour d’assises, qui ne l’accusait directement de génocide que pour Murambi. Sur ce site, transformé en « gigantesque abattoir d’humain », plusieurs témoins disent avoir vu le préfet sur place au petit matin, alors que les meurtres se poursuivaient.

Quant aux meurtres de lycéens, « le préfet engage sa responsabilité pénale en réquisitionnant des gendarmes alors qu’il savait qu’ils allaient participer aux massacres », a estimé Sophie Havard.

Jugé, en dehors du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le verdict de la Cour d’assises de Paris est attendu mardi.

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