La Tunisie vit un moment critique de son histoire. En ce moment, le pays traverse une crise climatique que l’on pourrait également qualifier de stress hydrique aigu. La Tunisie vit sous la menace d’une crise de sécheresse sans précédent.
En Tunisie, le climat n’a jamais été connu comme le plus clément en Afrique. Des chiffres qui ont toujours interpellé (une année sur trois est sèche), sont aujourd’hui alarmants tant les épisodes et les périodes de sécheresse s’accentuent et s’aggravent.
Tout le pays touché
Dans le pays, aucune région n’est épargnée. D’ailleurs, 75 % du territoire national est menacé par la désertification. Les zones du centre et du sud du pays sont les plus susceptibles d’être touchées. Si autrefois, elles réussissaient à s’en sortir, aujourd’hui les populations tunisiennes ressentent les répercussions de ces périodes prolongées sans pluie. Elles sont devenues une réalité qu’elles ne peuvent plus ignorer, particulièrement dans les secteurs stratégiques, telles que les grandes cultures.
Les changements climatiques font beaucoup de ravages dans le pays où de nombreuses régions en subissent les conséquences, surtout ces dernières années, durant lesquelles les superficies touchées par la sécheresse ont augmenté. La conséquence la plus inquiétante, est que les catégories et les régions les plus vulnérables et les plus défavorisées sont toujours celles qui paient le prix fort. Même si tout le pays est touché, il est important de relever que toutes les régions ne sont pas justement égales face à ce phénomène. En cas de progression de ce phénomène, les régions observant un grand nombre de problèmes d’irrigation seront exposées à des baisses de production et des rendements dramatiques.
Pour rappel, les conséquences de la sécheresse peuvent perdurer et ce, même après le retour des pluies. La rareté et la cherté des denrées alimentaires impliqueraient la régression permanente du pouvoir d’achat des citoyens, la détérioration des sols, le manque de ressources en eau…
La recherche d’une solution
Le problème de sécheresse en Tunisie n’est pas sans issue ni espoir. Mais, pour lutter activement et contrer ses effets, le pouvoir politique doit jouer un rôle à la fois important, déterminant et décisif. Il est du devoir des décideurs de mettre en œuvre une politique non seulement conséquente et anticipative, mais également axée sur les alertes précoces et la gestion des risques. Aujourd’hui, il est plus que jamais important de maîtriser la gestion des réserves et surtout de savoir comment s’adapter à un climat en pleine transformation.
Du côté du ministère de l’Environnement, la même urgence est signalée. À cet effet, il a élaboré une stratégie nationale (2018-2030), destinée à faire face à la désertification et orientée vers la protection de 2,2 millions d’hectares. Ce plan vise spécifiquement la mise en place de stratégies sectorielles, notamment celles en relation avec la préservation de l’eau et des zones humides en plus du développement des pâturages et la promotion de l’agriculture durable.
Le doute plane
La mise en place de ces plans et mesures d’urgence est une bonne chose mais, la question sur leur capacité à suffire pour résoudre les problèmes liés à la sécheresse, est pertinente. Il est important de savoir que les risques courus ne se limitent pas aux pertes agricoles et vont même bien au-delà. Selon les estimations mondiales, d’autres secteurs pourraient être touchés et les conséquences seraient le risque d’une détérioration de la sécurité et la paix sociale à l’horizon 2030 et la migration forcée de quelques 216 millions de personnes.
La Tunisie n’est pas le seul pays à faire face à cette crise climatique. D’autres pays traversent également les problèmes liés au changement climatique, qui est désormais un ennemi de tous. Il est question pour le monde et la Tunisie en particulier, au vu de l’urgence, de réenvisager son modèle et repenser son territoire.