Tunisie : Le président Kaïs Saïed limoge 57 juges qu’il accuse de corruption

Tunisie : Le président Kaïs Saïed limoge 57 juges qu’il accuse de corruption Actualité & Info | Éditions Afrique

Selon un décret publié au journal officiel en Tunisie, 57 juges accusés par le président Kais Saied de corruption, d’avoir retardé des affaires de « terrorisme », de harcèlement sexuel, de collusion avec des partis politiques et d’obstruction à la justice, ont été limogés mercredi.

Après s’être octroyé la quasi-totalité des pouvoirs, en limogeant le gouvernement et en suspendant le Parlement en juillet dernier, Kais Saied a publié mercredi dernier un décret l’autorisant à limoger unilatéralement des juges pour des « actions … qui pourraient compromettre la réputation, l’indépendance ou le fonctionnement du système judiciaire ».

Dans une allocution télévisée, Kaïs Saïed a indiqué avoir donné « avertissement après avertissement » à la justice pour « se purifier elle-même ». Un décret formalisant le limogeage des juges a été publié au Journal officiel. Aux premières heures jeudi, le journal a publié une liste des juges qui avaient été démis de leurs fonctions et qui pourraient faire l’objet de poursuites, sans toutefois, indiquer les raisons de leur licenciement.

Sur la liste figure les juges Chokri Belaid et Mohamed Brahmi impliqués dans une enquête de longue haleine sur les meurtres en 2013 de deux hommes politiques de gauche. Un ancien chef de l’ancien organe de surveillance judiciaire, un ancien porte-parole du tribunal antiterroriste et un ancien chef des douanes ont trouvés places sur la liste.

M. Saied accusait depuis longtemps l’ancien organe de surveillance judiciaire, dont les membres étaient en partie élus par le Parlement, de bloquer des enquêtes politiquement sensibles et d’être influencé par son ennemi juré, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Saïd Benarbia, directeur régional de la Commission internationale des juristes, a affirmé jeudi que Saied avait désormais le pouvoir de limoger les juges « par décret et sans aucune procédure », qualifiant le décret d’« affront à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice »

Ghazi Chaouachi a déclaré aux journalistes à Tunis que cette décision visait à « régler des comptes contre les juges ».  Son parti, le Courant démocratique, dispose de 21 sièges au Parlement, aujourd’hui gelé.

La jeune démocratie tunisienne est désormais ébranlée. En effet, après la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, les partis politiques et les groupes de la société civile ont mis en garde contre une dérive du pays vers l’autoritarisme, mais la population tunisienne qui avait marre d’un parlement considéré comme corrompu et intéressé, a salué la prise de pouvoir de Saied, le 25 juillet dernier.

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