Afrique du Sud : Colère et indignation à la suite de la libération conditionnelle attendue du meurtrier de Chris Hani

Afrique du Sud : Colère et indignation à la suite de la libération conditionnelle attendue du meurtrier de Chris Hani Actualité & Info | Éditions Afrique

En 1993, le héros sud-africain et figure de la lutte anti-apartheid Chris Hani était assassiné devant son domicile à Johannesburg. 29 ans plus tard, l’homme qui l’a abattu s’apprête à retrouver la liberté, une décision de la Cour Constitutionnelle sud-africaine qui a fait exploser de colère, les citoyens qui se sentent trahis.

Malgré ce que l’on pourrait croire, en 2022 l’Afrique du Sud est encore un pays profondément divisé et qui ressent chaque jour, les inégalités sociales.

Chris Hani, le héros Sud-Africain

Chris Hani était à la fois un membre important de l’ANC et le chef du SACP, le parti communiste sud-africain. L’événement de sa mort a été le début d’émeutes dans tout le pays.

Selon l’historien Tshepo Moloi, ce sont ces émeutes qui ont précipité la sortie de l’apartheid, puisque la mort de Chris Hani et surtout la façon dont il est mort, ont poussé les Sud-africains de toutes les races, aux urnes pour la première fois.

Une libération conditionnelle retardée

Janusz Walus, est un extrémiste polonais d’extrême droite qui a émigré en Afrique du Sud en 1981.

D’abord condamné à une peine de mort, celle-ci a été ajustée après le changement de texte sur la peine de mort. À 69 ans et après avoir passé 30 ans en prison à purger sa condamnation à perpétuité, il était légalement éligible à la libération conditionnelle qu’il a fini par obtenir.

Une conditionnelle retardée car Walus a été conduit à l’hôpital pour des soins, après avoir été poignardé mardi par un codétenu. Désormais, il devra attendre l’obtention d’un certificat médical pour que sa libération conditionnelle soit finalisée.

Colère et manifestations

À la suite de l’annonce de la libération conditionnelle de Walus, les Sud-africains n’ont pas manqué de faire savoir leur colère et déception envers la Cour Constitutionnelle.

D’ailleurs, mercredi, des manifestants se sont rendus vers la prison où était détenu Walus à Pretoria. Sur les pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire les mots « Ne tuez plus Chris Hani ».

De son côté, Limpho Hani, la veuve de Chris a donné une interview émouvante à la télévision dans laquelle elle qualifiait le jugement de « diabolique ».

Pour Ropafadzo Maphosa, les manifestations autour de cette décision s’expliquent par le fait que les sud-africains se sont sentis trahis et abandonnés par la Cour Constitutionnelle qui a laissé partir quelqu’un qui a assassiné « leur héros bien-aimé, leur activiste bien-aimé ».

Ce spécialiste du droit constitutionnel a révélé à Reuters que bien que les Sud-Africains soient en colère de voir le tueur de Hani libéré sur parole par principe, ce tollé témoigne surtout de frustrations plus larges concernant le manque de progrès pour mettre fin aux inégalités raciales et économiques.

Une logique d’apartheid toujours bien présente

En effet, près de 30 ans après l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud, en termes de vie sociale, le pays est loin d’être un exemple. On a toujours l’impression que l’apartheid n’est jamais réellement fini. La majorité des populations noires vivent toujours dans la misère, tandis que la majorité des blancs contre qui ils se sont battus, sont aisés.

Pour M. Moloi, ce n’est pas pour cette Afrique du Sud qu’ils se sont battus. Échec ou retour en arrière pour la justice sud-africaine ? Une chose est certaine, c’est qu’avec la libération de Walus, les blessures de la population noire sud-africaine se sont ravivées et cette situation met en avant le long chemin que doit encore parcourir l’Afrique du Sud afin d’arriver à une réelle égalité entre les populations noires et blanches du pays.

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