Angola: L’ancien président José Eduardo dos Santos, le «parrain», est mort à 79 ans

Angola: L'ancien président José Eduardo dos Santos, le «parrain», est mort à 79 ans Actualité & Info | Éditions Afrique

L’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, surnommé « le parrain » est décédé ce vendredi 22 juin en Espagne à l’âge de 79 ans.

L’ex-dignitaire angolais était malade depuis des années, mais ces derniers mois sa santé s’était davantage dégradée. En juin, un quotidien portugais le disait « entre la vie et la mort ».  Il est finalement décédé vendredi dans la clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis deux semaines en raison d’un arrêt cardiaque.

 » Le gouvernement angolais rapporte avec un sentiment de grande douleur et de consternation le décès de M. dos Santos« , affirme un court message publié par le gouvernement sur les réseaux sociaux, précisant que le décès est intervenu en fin de matinée.

Son successeur, l’actuel président Joao Lourenço, a décrété un deuil national de cinq jours à compter de samedi pour honorer sa mémoire.

38 ans de pouvoir

Dans les années 1970, José Eduardo Dos Santos poursuit son ascension politique en intégrant le Comité central du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola). Il devient chef de la diplomatie à l’indépendance en 1975, avant d’être investi quatre ans plus tard chef de l’Etat par le parti, dont il prend la présidence.

Dos Santos est arrivé au pouvoir en 1979, quatre ans après que l’Angola ait obtenu son indépendance du Portugal et s’est retrouvé mêlé à la guerre froide en tant que champ de bataille par procuration.

Son parcours politique s’étend du régime marxiste à parti unique des années post-coloniales à un système de gouvernement démocratique adopté en 2008. En 2013, il confie à une chaîne de télévision brésilienne sa lassitude du pouvoir en qualifiant son règne de « trop long ». En décembre 2016, alors que la rumeur le dit atteint d’un cancer, il annonce son retrait. Il laisse comme promis sa place quelques mois plus tard à son dauphin, Joao Lourenço.

Héritage controversé

José Eduardo dos Santos est accusé de tribalisme, car il a largement détourné les ressources de son pays en favorisant sa famille et ses proches.

Notons qu’en début des années 1990, Don Santos a brusquement abandonné sa politique marxiste après l’effondrement de l’Union soviétique. Il s’est par la suite, rapproché des pays occidentaux, dont les compagnies pétrolières ont investi des milliards de dollars dans l’exploration principalement offshore.

En 2004, José Eduardo dos Santos a été invité à la Maison Blanche par le président de l’époque, George W. Bush, alors que les États-Unis cherchaient à réduire leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient.

L’Angola est devenu le deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne après le Nigeria, produisant près de 2 millions de barils par jour. Après un cessez-le-feu en 2002, l’Angola est devenu le plus grand producteur d’or noir du continent, extrayant des diamants d’une valeur de plus d’un milliard de dollars par an.

Cependant, la population angolaise n’a pas joui de cette richesse qui émanait de ses terres. Pendant et après la guerre civile, le peuple angolais a été menacé par de vastes zones de champs de mines non cartographiées et n’avait qu’un accès limité aux équipements de base, tels que l’eau courante ou les routes, tandis que l’éducation et les soins de santé étaient rares

Graça Campos, journaliste et ancien directeur de l’hebdomadaire angolais Semanario Angolense a affirmé que « José Eduardo dos Santos a laissé aux Angolais un pays complètement désemparé, dominé par l’indigence, un pays qui a gaspillé toutes ses chances de vivre heureux et autonome »

La Human Rights Watch, basé à New York a indiqué dans un rapport de 2004 fondé sur une analyse des chiffres du Fonds monétaire international que plus de 4 milliards de dollars de recettes pétrolières ont disparu des caisses de l’État angolais entre 1997 et 2002. Le président João Lourenço, quant à lui a déclaré que 24 milliards de dollars avaient été volés pendant le règne de José Eudardo dos Santos.

Polémique autour du décès de l’ancien président

Une des filles de Jose Eduardo dos Santos, Tchizé dos Santos, souhaite que le corps de son père soit soumis à une autopsie « de crainte » que la dépouille de l’ex-chef d’Etat angolais, décédé vendredi à Barcelone, ne soit transférée dans son pays d’origine.

En effet, le placement en soins intensifs du « parrain », révélé par la presse, a mis au jour des tensions au sein de la famille, notamment entre l’épouse de dos Santos, Ana Paula, et au moins une de ses filles, Tchizé dos Santos, âgée de 44 ans.

Cette dernière a porté plainte début juillet à Barcelone et demandé qu’une enquête soit ouverte pour entre autres « tentative d’homicide présumée, non-assistance à personne en danger, lésions entraînées par une négligence grave », selon les deux cabinets d’avocats conseillant la fille de l’ex-président angolais.

Maintenant, que l’ancien président a rendu l’âme, il faut que « le corps de l’ex-président soit conservé et qu’il ne soit pas remis avant que ne soit menée une autopsie, de crainte qu’il soit transféré en Angola », a indiqué vendredi dans un communiqué transmis à l’AFP la fille de l’ancien dirigeant, quelques jours après avoir déposé plainte devant la police espagnole pour « des faits présumés de tentative d’homicide ».

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