Burkina Faso : La justice est invitée à « arrêter et déférer » Blaise Compaoré dès son retour au pays annoncé pour le 08 juillet 2022

Burkina Faso : La justice est invitée à "arrêter et déférer" Blaise Compaoré dès son retour au pays annoncé pour le 08 juillet 2022 Actualité & Info | Éditions Afrique

L’ex-président burkinabé Blaise Compaoré a annoncé son retour au pays ce 05 juillet 2022 après avoir quitté le territoire en 2014 à la suite de l’insurrection populaire. Le tribunal militaire a été interpellé à procéder à l’arrestation de ce dernier ainsi qu’à celle de tous les autres impliqués dans le meurtre de son prédécesseur le grand Thomas Sankara. Un communiqué rappelant la décision de la justice à l’endroit des fugitifs a été rendu public.

Les avocats de Thomas de Sankara grâce à leurs sources ont annoncé que l’ex-président sera sur le sol burkinabé ce vendredi 08 juillet 2022. Les avocats de la partie civile ont rappelé la décision du tribunal arrêté le 06 Avril 2022, portant sur l’affaire « Jubal ».

Communiqué officiel

Depuis le 05 juillet 2022, des médias nationaux et internationaux font état du retour au Burkina Faso de l’ancien Président Blaise COMPAORE chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 à la faveur d’une insurrection populaire.

Si cette information est confirmée, les Avocats des parties civiles dans l’affaire Ministère Public contre COMPAORE Blaise dit ‘’Jubal’’ et autres se doivent de rappeler la décision rendue le 06 Avril 2022 par la chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou qui a :

– Statué publiquement, par défaut à l’égard de Blaise COMPAORE et de KAFANDO Tousma Yacinthe,

– Déclaré les accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert coupables des faits de complicité d’assassinat à eux reprochés ;

– Condamné COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun ; Prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques.

Dit que le Présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale ;

– Dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.

Au regard de cette décision, les Avocats des parties civiles interpellent avec insistance les autorités judiciaires à prendre toutes leurs responsabilités, notamment faire arrêter et déférer Monsieur Blaise COMPAORE à la justice du Burkina Faso afin que force reste à la loi.

Ouagadougou, le 06 juillet 2022

Pour le Collectif des Avocats,

Maître Bénéwendé Stanislas SANKARA, avocat au Barreau du Burkina Faso

Le Burkina Faso souhaite faire le deuil de Thomas Sankara

Ce désir de vengeance mais surtout d’honneur de la mémoire de Thomas Sankara est le reflet de l’admiration que lui portait le peuple au-delà de toutes autres considérations. Il a été mitraillé le 15 octobre 1987, quatre années après son accession au pouvoir. L’histoire accuse son homme de main Blaise Campaoré de complot dans le cadre de ce meurtre, ce dernier nie en bloc cette version des faits.

Il est également important de noter que, le président Thomas Sankara était de la même veine que l’ex-président Libyen en termes d’idéologie, mais à la fois très divergent. Il était anti impérialiste et panafricaniste, deux courants de pensées qui ne confortaient pas les puissances coloniales déjà ébranlées par les indépendances. Ceci lui a valu de laisser son poste de premier ministre sous le règne de Jean-Baptiste Ouédraogo. Il accède au pouvoir en 1983 et change le nom du pays. Autrefois Haute Volta, le pays s’appellera Burkina Faso, ce qui signifie « patrie des Hommes intègres ».

L’hypothèse d’un complot international

Si la participation de Blaise Campaoré a été confirmée dans le cadre de cette enquête rouverte 34 ans plus tard, il existe des hypothèses d’un complot international impliquant directement ou indirectement la France et le président Libyen. En effet, lors de la célébration des 30 ans de la mort de Sankara, RFI Afrique a mené une enquête et confirme l’ambigüité quant au rôle de la France. Un diplomate Français face à la question de savoir «la France a-t-elle joué un rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara ? », répond : « Vous me permettez de ne pas répondre ? ». L’enquête mentionne que ce dernier a une fine connaissance du dossier Sankara.

Alors que la responsabilité des complotistes nationaux est reconnue, les enquêtes devraient continuer afin de déceler les mains qui ont tiré les ficelles de cet acte ignoble. Les partis d’opposition africain devraient tirer les leçons de cette histoire et ne pas laisser leur soif du pouvoir être financée et épaulée par des puissances qui ne partagent pas les mêmes intérêts.

Les indépendances des pays d’Afrique francophone dans les années 60 semblent n’avoir été que de façade. Le régime du direct rule a perpétué l’asservissement des peuples africains. Lorsque nous observons les différents soulèvements et attentats d’envergure sur le sol africain, l’ombre des puissances étrangères planent toujours.

L’Afrique aujourd’hui a besoin de tourner la page et réécrire une nouvelle histoire à l’encre de son identité et de ses perspectives. Les challenges qui nous attendent réclament toute notre attention et toute notre implication.

Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin d'information et recevez au quotidien les dernières infos et actualités en Afrique.
Quitter la version mobile