Burkina Faso : La population burkinabé de Djibo à bout de souffle

Burkina Faso : La population burkinabé de Djibo à bout de souffle Actualité & Info | Éditions Afrique

Aerial view of Djibo town, Burkina Faso, Feb. 18, 2021, the epicenter of Burkina Faso's conflict. While Burkina Faso's government never confirmed negotiating with Islamic extremists, others said the lull in fighting earlier this year was a sign that a cease-fire of sorts had been reached with the militants blamed for thousands of deaths in recent years. (AP Photo/Sam Mednick)

La Guinée Equatoriale abrite le Sommet extraordinaire de l’Union Africaine à partir de vendredi à Malabo, avec pour sujets principaux : les coups d’État militaires observés en Afrique, la lutte contre l’extrémisme violent et l’aide aux affamés.

Les habitants de la ville de Djibo, dans l’extrême nord du Burkina Faso qui font face à tous défis mentionnés dans l’ordre du jour du sommet, extrémisme, sécheresse, coups d’État, crise alimentaire, espèrent désespérément recevoir de l’aide.

Depuis quelques années, la ville de la région du Sahel, près de la frontière avec le Mali, Djibo est l’épicentre des violences d’Al-Qaïda et du groupe État islamique.

Les violences perpétrées dans la ville ont fait des milliers de morts et déplacé près de deux millions de personnes.

Les extrémistes ont restreint les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur de la ville et ont coupé l’approvisionnement en eau. Les habitants se plaignent désormais de la soif et de la faim. Malheureusement pour la population, très peu de camionneurs souhaitent s’exposer à la menace des djihadistes, elle se retrouve donc livrée à elle-même. De plus, les quelques céréales disponibles sur le marché ont augmenté. Les habitants voient leurs animaux périr sans pouvoir remédier à cela.

Mamoudou Oumarou a déclaré : « Nous vivons ici depuis trois mois. Les animaux ne sont pas achetés. La plupart des animaux avec lesquels je suis venu ici sont morts de faim. Lorsque vous vendez cinq animaux et que vous allez au marché, vous ne pouvez pas obtenir un sac de nourriture pour manger. Tu ne peux même pas voir de la nourriture ». Cet homme âgé 53 ans et père de 13 enfants a fui son village avec sa famille et son bétail en février pour se réfugier à Djibo avant que la situation n’y dégénère.

Selon lui, blocus de la ville par les djihadistes, empêche les gens de se rendre au marché pour acheter et vendre du bétail, ce qui a réduit considérablement la demande et fait baisser le prix de moitié. La ville de Djibo était un centre économique car elle possédait l’un des marchés aux bestiaux les plus importants et les plus vitaux du Sahel. Chaque mois près de 600 camions entrait dans la ville, actuellement les camions qui parviennent à entrer dans la ville par semaine n’avoisinent pas 50.

À cause du blocus de Djibo, le Programme alimentaire mondial n’a pas pu livrer de nourriture à la ville depuis décembre et les stocks s’épuisent. Le directeur national du Programme alimentaire mondial au Burkina Faso, Antoine Renard affirme : « Nous avons clairement besoin d’un accès à la zone. Tout ce que nous faisons maintenant, c’est en fait de soutenir un quart de la population pour toutes les marchandises qui parviennent à entrer dans la ville ».

La population est à bout de souffle face aux conséquences de ce blocus. Selon les Nations unies, Plus de 630 000 personnes sont au bord de la famine, dont la majorité dans le Sahel. À cet effet, l’émir de Djibo a rencontré l’un des chefs jihadiste du Burkina Faso, Jafar Dicko en fin avril, pour négocier afin que les restrictions soient assouplies ou levées, mais sans suite.

Pour les analystes de conflits, le blocage de ville est une stratégie utilisée par les jihadistes pour affirmer leur domination. Le blocage pourrait également être une tentative pour amener la nouvelle junte militaire du Burkina Faso au pouvoir depuis janvier à revenir sur son engagement consistant à éliminer les djihadistes.

Les habitants affirment tout de même que les djihadistes ont assoupli les restrictions dans certaines zones, ce qui permet une plus grande liberté de mouvements. Mais l’armée empêche désormais les gens d’apporter de la nourriture de Djibo aux villages environnants de peur qu’elle n’aille aux djihadistes. La population se retrouve de ce fait victime d’un autre blocus établi par l’armée.

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