Cameroun : Des députés se saisissent du dossier d’expropriation de terre à Douala

Cameroun : Des députés se saisissent du dossier d'expropriation de terre à Douala Actualité & Info | Éditions Afrique

Le 31 mai dernier, les parlementaires de la circonscription Wouri centre ont rencontré le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, à l’Immeuble étoile pour discuter des possibles solutions face au problème d’expropriation de terre à Dikolo.

Depuis quelques semaines déjà, la population de Douala, plus précisément celle de Dikolo fait entendre sa voix en raison de l’expropriation et de la sous-évaluation de la valeur financière de ses terres. Alors que certains expliquent que leurs réticences à quitter le lieu sont dues à la sous-estimation du terrain (le mètre carré évalué à 12.000F), pour d’autres, il est question de la valeur sacrée de leur terre. À cet effet, le porte-parole du collectif Bonanjo, Patrick Moudissa Bell a déclaré que :« aucun propriétaire n’a touché une indemnité. Premièrement parce que chez nous les Sawa, on sait la valeur historique de nos terres et surtout nos terres ancestrales. Nous ne les vendons pas. » 

Les députés de la circonscription Wouri centre ont décidé de prendre les choses en main. Ils se sont donc rendus le 31 mai dernier chez le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, afin de trouver des moyens palliatifs à ce problème. « Nous sommes là au sujet d’une situation que nous vivons à Douala et qui concerne les populations de Dikolo qui ont été expropriées. Nous avons eu des échanges francs et sincères sur le sujet avec le chef du gouvernement, » renseigne l’honorable Albert Dooh Collins.

Les députés, qui comptaient dans leurs rangs l’honorable Josua Osih, se sont dit satisfaits des discussions. Au sortir de la rencontre, ils n’ont pas manqué d’annoncer des lendemains meilleurs. « Nous pensons que notre visite ici et le rapport qui viendra de la commission mise sur pied à Douala permettront au gouvernement de prendre les décisions qui s’imposent, » a poursuivi l’honorable Dooh Collins.

Quelle solution pour le peuple Dikolo ?

Sur instruction du gouvernement, le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a mis sur pied une commission dans le but d’examiner les problèmes relatifs aux déguerpissements. Une commission déjà à pied d’œuvre avec notamment la décision la semaine dernière de suspendre le chantier en cours sur le site à problème.

En ce qui concerne les questions d’indemnisation des déguerpis de Dikolo, le décret n°2020/004/PM portant sur l’expropriation pour cause d’utilité publique et incorporation au domaine privé de l’Etat des terrains d’une superficie supérieure à deux hectares situés à Bali-Dikolo, fixe le montant des indemnisations à plus de 322 millions de Francs CFA.

Seulement, ce montant est-il suffisant ? Quand nous savons à quel point le coût de la vie augmente chaque année, avec l’inflation qui s’y prête, 322 millions de FCFA sont-ils suffisants pour toutes les personnes déguerpies ? Cette somme représente-t-elle réellement la valeur foncière du terrain ? Aussi, quid du caractère sacré de ces terres ? Les populations de Dikolo doivent-elles enterrer définitivement toute leur histoire ? Une histoire qui ne leur appartient plus à elles seules, car en tant que fils et filles du Cameroun, il leur incombe de la faire vivre afin de la raconter et la léguer aux générations futures. Bien plus qu’une simple histoire d’expropriation de terre, il s’agit là d’expropriation de toute un peuple, d’une culture.

Chaque jour un peu plus, une partie de notre pays est vendue à des fins dites d’utilité publique mais est-ce vraiment le cas ? La seule chose à espérer ici est que les textes soient vraiment respectés, que le Cameroun continue à être aux camerounais et que les droits de ses fils ainsi que les mémoires de ceux qui l’ont construit ne soient plus bafoués.

Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin d'information et recevez au quotidien les dernières infos et actualités en Afrique.
Quitter la version mobile