Cameroun : Emile Parfait Simb, arrêté pour escroquerie sur des investissements en cryptomonnaie

Cameroun : Emile Parfait Simb, arrêté pour escroquerie sur des investissements en cryptomonnaie Actualité & Info | Éditions Afrique

Le promoteur de la plateforme Liyeplimal, Emile Parfait Simb a été arrêté à l’aéroport de Douala, alors qu’il tentait de quitter le sol Camerounais. Traqué depuis plusieurs années déjà par la justice Camerounaise, la société Global Investment trading a été au centre d’une escroquerie de plusieurs millions de FCFA.

L’entreprise spécialisée dans les investissements en crypto monnaie a su gagner la confiance de nombreux souscripteurs qui n’ont pas hésité à donner de leur agent dans l’espérance d’une rentabilité alléchante. Aux différentes échéances, les souscripteurs ne reçoivent pas les intérêts et la communication avec l’entreprise est coupée. Grande panique, un mouvement d’humeur est lancé par ces derniers sans succès, car après moult accusions sur les réseaux sociaux, le promoteur de Liyeplimal est introuvable.

L’arrestation d’Emile Parfait Simb, un travail de longue haleine.

Le cabinet Fousse a saisi le procureur général, près du tribunal criminel spécial, juridiction appelée à statuer sur des crimes de détournement de dénier de plus de 50 millions pour une dénonciation aux fins de poursuite pénale, contre l’entreprise et son promoteur. Cette action a été menée par l’avocat Me Dominique Fousse alors que les premières plaintes venaient d’être déposées.

Dans une interview à lui accordé au quotidien mutation en novembre 2021, il déclare ne voir en son activité aucune forme d’illégalité : « le drame c’est que ceux qui dénigrent ne savent même pas ce que c’est. Si Donald Trump possède une crypto monnaie, moi Simb je suis qui pour ne pas le suivre ? Si le Paris saint germain a une crypto monnaie, moi Simb qui suis-je pour ne pas le suivre ? Il faut imiter le bon exemple, il faut imiter ce qui marche ailleurs. Ce n’est pas Simb qui a créé la crypto monnaie, je ne fais qu’imiter ce qui marche chez les autres. »

C’est finalement le 26 mai au petit matin que Monsieur Emile Parfait Simb, sera arrêté à l’aéroport de Douala alors qu’il essayait de laisser derrière lui tous les chefs d’accusation qui pesaient sur sa personne. Après plusieurs citations à comparaitre ignorées, le procureur de la république près du tribunal de première instance de Yaoundé, pour contraindre le promoteur de Liyeplimal à répondre de ses actes devant la justice.

Le rôle des autorités de régulation et des partenaires de l’entreprise.

Dans le cadre des investissements en zone CEMAC, ce cas n’est pas isolé. En effet, la COSUMAF dans sa mission d’organisation du marché financier, a sorti un fichier répertoriant les entreprises qui exercent dans le secteur financier en mobilisant l’épargne public sans agrément. Selon la commission de surveillance, « l’exercice de toute activité en lien avec l’épargne public et les instruments financiers est soumis à l’agrément obligatoire de la COSUMAF. Cet agrément est matérialisé par une décision prise après instruction du dossier. »

La GIT a opéré pendant plusieurs années et ce n’est qu’après les plaintes des souscripteurs que l’on a pu relever l’illégalité de son activité. Ceci reviendrait à remettre en question la vigilance des partenaires externes de l’entreprise tels que l’administration fiscale et la banque. Les sommes déposées en banque et probablement mentionné dans la déclaration statistique et fiscale de l’entreprise devaient attirer l’attention. En effet, comment l’entreprise justifiait ses rentrées d’argent auprès de la banque ? De même, comment expliquer le silence de l’ANIF avant, pendant et après cet incident ?

Un climat d’affaire de plus en plus hostile.

Le climat des affaires au Cameroun est gangrené d’entreprises qui mettent en péril sa viabilité. Le manque de confiance à l’endroit du système grandi, et les entreprises honnêtes ont du mal à trouver du financement. Au même moment, la faible culture financière et l’appât du gain facile pousse la plupart à se lancer dans des activités douteuses. La génération micro-onde souffre des maux de son ignorance.

La GIT a su tirer profit de cette ignorance en proposant un produit financier dont les souscripteurs ne maitrisent pas les rouages. Proposer des investissements avec une rentabilité disproportionnelle au risque est une utopie qui coute aux naïfs et aux ignorants.

Les escroqueries de ce genre ne touchent pas uniquement le secteur de la crypto monnaie, mais également des secteurs plus concrets tel que l’agriculture. Notons qu’au même moment qu’a été interpellé la GIT, le CRIFAT entreprise qui exerce dans l’investissement agricole a été interpellée. Si ce dernier après saisi du ministère de finance a obtenu gain de cause, les problèmes sous-jacents n’ont pas été réglés. Les souscripteurs se plaignent du non-respect des échéances et du mutisme des promoteurs. Une page Facebook intitulée « CRIFAT remboursez nous » soutenue par 522 personnes a été créée dans le but de réunir les souscripteurs afin de favoriser une action de masse.

L’éducation financière, un éveil de conscience et une plus grande vigilance des autorités doit être à l’ordre du jour.

Une campagne d’épuration est nécessaire au vu de la progression de la délinquance financière galopante. Les autorités doivent travailler en synergie et saisir ses entreprises qui fonctionnent de manière frauduleuse. La nature de l’activité présente dans les statuts doit être observée de très prêt et dans le cas des entreprises qui mobilisent l’épargne, l’agrément COSUMAF doit être exigé pour clôturer le dossier de création de l’entreprise.

Par ailleurs, un éveil de la conscience et une réforme du système éducatif sont primordiaux. Il est question d’inculquer à la génération présente et à venir des cours d’éducation financière leur permettant de mieux appréhender les produits financiers et éviter les escrocs.

Les Africains se doivent de comprendre que le développement réel et durable passe par un travail laborieux. La mondialisation, le développement de la finance technologique et la prolifération des cybers espaces sont un enjeu pour les politiques. Les gouvernements de la sous-région doivent adapter leurs stratégies aux grands défis de la digitalisation. Ceci est encore plus urgent alors que le RCA adopte le bitcoin comme devise officielle.

Il est question de repenser le développement numérique en Afrique en tenant compte de son contexte actuel. Les professionnels en collaboration avec les politiques doivent être en avant-garde pour faire face à la rapide évolution de la technologie. L’urgence est signalée alors que l’insécurité, la criminalité financière, la dégradation de l’environnement et les questions d’autosuffisance alimentaire constituent une grosse écharde pour les autorités publiques.   

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