Cameroun : Pénurie d’essence – entre stations-services à sec et embouteillage à la pompe les consommateurs sont à bout de nerfs

Cameroun : Pénurie d'essence - entre stations-services à sec et embouteillage à la pompe les consommateurs sont à bout de nerfs Actualité & Info | Éditions Afrique

Souffrant depuis peu des incessantes coupures d’électricité et d’eau, la population camerounaise fais désormais face à un nouveau désagrément de taille, la rupture brutale des stocks de carburant dans les différentes stations-service. Après la ville de Douala, Yaoundé la capitale fait face à une pénuries de gasoil qui a entrainé depuis peu des bousculades et embouteillages incontrôlables dans des stations-services.

Le déboire des chauffeurs-taxi

Le taximan Victor Amayé, habitant de Yaoundé s’est retrouvé pris au piège de la pénurie de carburant. En effet, iI a visité plus de cinq stations-services sans trouver de combustible pour son moteur diesel. Victor Amayé a dû faire la queue, au volant de son véhicule, dans l’espoir que le stock arrivé en début d’après-midi ne s’épuise pas avant que n’arrive son tour de passer à la pompe.

« Si ça ne va pas, on se gare là. Je vais faire comment ? Je ne peux pas rentrer chez moi sans carburant. Puisque je suis même déjà dans le rouge » déclara-t-il.

Cependant, dans d’autres stations, il y a eu de très forte affluence et la distribution se faisait au compte-goutte. Dans chaque station, l’on peut remarquer une longue file de camions, de taxis qui attendent impatiemment depuis des longues heures qui s’écroule à pas de tortue, d’être servis en gasoil.

Des chantiers en stand-by

Les pénuries de carburant ont immobilisé plusieurs machines sur les chantiers de construction du pays depuis le week-end dernier. Ces pannes sèche au Cameroun entraîneront inévitablement des dommages considérables dans les pays voisins comme le Tchad et la République centrafricaine.

Ibrahima Yaya, Président du Groupement Syndical des Transporteurs Terrestre du Cameroun (CGSTC) et de la Fédération des transporteurs de la Communauté Économique des États d’Afrique centrale (FETRANS/CEEAC), prend l’exemple de produits livrés par le PAM (le Programme Alimentaire Mondial) qu’il ne parvient pas à livrer à temps à Bangui, en Centrafrique. « Non seulement on va rompre mon contrat, mais également je vais perdre d’énormes sommes d’argent. Dans le secteur des transports, vous savez pertinemment que sans le carburant, tout est en arrêt. On ne peut pas développer une économie dans un climat pareil », explique-t-il.

Quel est la cause de ces pénuries de carburant dans le pays ?

Dans un communiqué rendu public, le ministre de l’Eau et de l’énergie a fait savoir que « ces perturbations sont dues principalement, à l’importante enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut effectivement mobiliser en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers ».

En d’autres termes, le Cameroun connaît des ruptures de carburant à la pompe pour cause d’argent, à cause de 80 milliards de francs CFA pour le compte du mois de juin, qui n’auraient été débloqués que trop tard.

« Pour nous, les transporteurs qui avons pris les camions en leasing auprès des banques, qui sommes appelés à payer les traites, nous avons forcément un handicap majeur pour parvenir à respecter nos engagements vis-à-vis des banques » précise Ibrahima Yaya qui évoque un deuxième aspect des conséquences néfastes de cette pénurie sur l’endettement des transporteurs.

Stratégie de réponse

En début de semaine, Le Cameroun a pu commencer à décharger 62 500 mètres cube de carburants, tous types confondus. Toutefois, Il restait dans les navires en eau, 88 000 mètres cube de gasoil et 35 000 mètres cube de super en attente de déchargement.

L’unique raffinerie étant inadaptée au raffinage du pétrole lourd exploité localement, l’État du Cameroun a dû dépenser 317 milliards de francs CFA au premier trimestre 2022 pour subventionner l’importation des produits pétroliers.

Pour la ligue camerounaise des consommateurs, le pays n’a pas prévu cette pénurie. Et pour le syndicat camerounais de l’industrie des transports terrestres, l’État n’a pas grand-chose à se reprocher en matière de subventions à l’industrie, qui aurait dû faire économiser beaucoup d’argent à un moment où les prix du baril étaient au plus bas sur le marché mondial, alors que le prix du carburant dans les stations-service au Cameroun n’a pas baissé.

Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin d'information et recevez au quotidien les dernières infos et actualités en Afrique.
Quitter la version mobile